Un concert de musique chaâbie a été animé jeudi soir 28 mars à Alger, devant un public galvanisé venu en nombre, par le grand chanteur chaâbi Abdelkader Chaou, un des Maîtres du genre qui continue encore de promouvoir et transmettre ce legs patrimonial ancestral.
Accueilli au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA) dans le cadre de son programme baptisé « Ramadhan au théâtre », le concert chaâbi du chanteur Chaou Abdelkader s’est déroulé à guichets fermés, dans des atmosphères euphoriques, créées par un public qui a afflué en grand nombre, occupant, au-delà de la grande salle, les trois balcons du TNA.
Soutenu par un orchestre de cinq musiciens professionnels chevronnés, dirigés d’une main de maître par Smail Ferkioui au piano, Abdelkader Chaou a eu droit, à son entrée sur scène, à un accueil triomphal, nourri d’applaudissements, de youyous et de formules de bienvenue, à l’exemple d’une partie du public qui lançait avec enthousiasme, des « Sahha Cheikh ! … ».
Ayant senti, à juste titre, que l’humeur globale dans la salle allait être à la délectation et à l’envie de s’abandonner au relâchement, l’artiste est venu à la rencontre de son public avec, dans sa besace, des partitions et un « Z’mam » (chansonnier contenant les paroles de chansons), de plusieurs petits répertoires (refdat) entre Qçid, Chansonnettes et Nabawi, se concluant par des pièces aux cadences légères du berouali (6/8) incitant au déhanchement.
Par ce bon procédé et durant deux heures et demie de temps, le public ne s’est pas arrêté de danser, occupant le devant de la scène et les allées réservées aux déplacements, tout en reprenant les refrains des plus célèbres pièces du répertoire personnel du chanteur à la voix pure, à l’instar de « Yal âadra win m’walik » ou encore plus récemment, « El kasba wana wlid’ha », que ceux des classiques de la chansons chaâbie tels, « El Kahwa we latay » ou « Kane mâakoum djet ».
Dans une atmosphère empreinte de spiritualité, créée entre autre par un éclairage de « qaâdet », élément d’une scénographie traditionnelle de circonstance, faite notamment, de portes orientales à tambours (heurtoirs) avec un haut en arc et des petites fenêtres derrières des grilles, Abdelkader Chaou a déployé un programme qui « découlait de source », car en naturelle adéquation avec le ton ramadanesque de la soirée.
Ainsi et parmi les pièces entonnées par le Chieikh, « A Rassoul Allah », « ?chqi wegh’rami », « El quelb bet sali », « Wahd el ghoziel », « Had ech’charab », « Ya h’bibi adji net’salhou », « Djibouha, djibouha », « Fi westou lebnet », « Dour biha ya chibani », « Nest’hel el kiya » et « Dayma dayma ».
Après un entracte d’un quart d’heure, durant lequel la conteuse Aouaouèche Bensaid, à l’animation, a déclamé avec emphase un de ces contes passionnant d’autochtones algérois, le Cheikh est remonté sur scène pour semer à nouveau le bien être et la joie et relancer de plus belle l’engouement.
A l’issue d’une prestation époustouflante, Abdelkader Chaou et l’ensemble des artistes ont été longuement applaudis par le public qui s’est emparé à la sortie, du programme d’animation du TNA durant le mois de Ramadan, qui s’étale jusqu’au 6 avril, avec des pièces de théâtre, comédie musicale, monologue, concerts de musique et des hommages aux artistes.