jeudi, 12 septembre 2024
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Alban Liechti, le « soldat du refus » de la guerre d’Algérie, est mort

Le militant communiste et antimilitariste, Alban Liechti, premier « soldat du refus » de la Guerre d’Algérie, est décédé à l’âge de 89 ans.

En 1956, Alban Liechti, malgré ses 21 ans, est déjà un militant aguerri, membre de l’Union des jeunesses républicaines de France (UJRF), l’ancêtre des Jeunesses communistes, et du PCF. À 17 ans, il avait manifesté à Paris contre la présence du général Ridgway, un officier américain en visite officiel à Paris qui s’est illustré dans la guerre de Corée, et y avait été blessé.

Durant la Guerre d’Algérie, Alban Liechti fut le premier soldat français à refuser de porter les armes contre le peuple algérien. Choix d’homme, choix de communiste, choix d’internationaliste. S’ensuivront quatre années de sa jeune vie passées en prison, sans que sa flamme intérieure, ses convictions, ne vacillent.

Courant juin 1956, le régiment d’Alban est avisé du départ prochain en Algérie. Le 2 juillet, il prend la plume pour s’adresser au président de la République, René Coty : « Dans cette guerre, ce sont les Algériens qui défendent leurs femmes, leurs enfants, leur patrie, ce sont les Algériens qui combattent pour la paix et la justice. » C’est pourquoi, ajoute-t-il, « je ne peux prendre les armes contre le peuple algérien en lutte pour son indépendance ». Le 5, il est tout de même envoyé à Alger. Désigné par la hiérarchie comme un « lâche », un « mauvais Français », il doit s’expliquer devant les autres appelés, parfois agressifs. Il persiste. Direction immédiate vers une première prison.

Il est le tout premier appelé français à refuser de faire la « salle guerre », après celle de l’Indochine. Son geste a largement inspiré la célèbre chanson pacifiste de Boris Vian « Monsieur le Président ».

Alban Liechti fut envoyé en prison militaire – on imagine ce que cela pouvait signifier dans ces années – d’abord en Algérie (Tizi Ouzou, Fort-National, Hussein-Dey, Maison-Carrée…), puis en France (Baumettes, Carcassonne…). Il fut finalement libéré de ses obligations militaires le 8 mars 1962 (dix jours avant les accords d’Évian), après six années passées sous les drapeaux, dont quatre dans les prisons de la République (la IVe et la Ve). Il avait alors 27 ans.

Alban Liechti est connu aussi pour son engagement et ses activités antimilitaristes, notamment contre l’occupation israélienne du Territoire palestinien occupé. Le mouvement pacifiste, anticolonialiste et anti-impérialiste doit beaucoup à ce militant infatigable qui a tant donné de sa personne pour s’opposer à la guerre israélienne sur le Territoire palestinien. Il a pris une part active à la mobilisation des objecteurs de conscience israéliens qui ont refusé d’aller faire la guerre aux Palestiniens.

Alban Liechti, jusqu’à ses derniers moments, n’a cessé de militer. Il était, comme l’a si bien chanté Ferrat, « de ceux qui manifestent ». Il animait l’association Agir aujourd’hui contre le colonialisme (Acca), fondée naguère par Henri Alleg et les « anciens » du Parti communiste algérien. Il fut l’un des signataires de l’Appel des Douze contre la torture, lancé par l’Humanité en 2000. Il remarquait, ces derniers temps, qu’il en était l’ultime survivant. Une page, avec lui, s’est donc tournée. Nous ne verrons plus son éternelle écharpe rouge, son symbole, sa passion.

Les obsèques d’Alban Liechti auront lieu le 4 septembre à 15h30 au cimetière Le Parc 2, rue Frédéric-Chopin, 78197 Trappes (Yvelines).

Sources : L’Humanité et l’UJFP

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