L’historien et coprésident de la Commission mixte franco-algérienne Histoire et Mémoire, Benjamin Stora, a déclaré ce vendredi 31 mai à Diasporadz, qu’il existe des « groupes de pression » qui « ne veulent pas de la réconciliation mémorielle » entre la France et l’Algérie.
Interrogé sur le tweet «raciste» des Républicains insultant envers l’Algérie et les Algériens, Benjamin Stora a déclaré qu’« il existe en France différents groupes de pression, situés surtout à droite et à l’extrême-droite de l’échiquier politique, qui ne veulent pas d’une réconciliation mémorielle avec l’Algérie».
En effet, faisant écho à un article du journal d’extrême droite française Valeurs actuelles sur la demande de la Commission mixte de restituer des biens à l’Algérie, le parti Les Républicains a publié un tweet qui demande à l’Algérie de «tout reprendre, les biens et le mal : criminels, délinquants, clandestins, OQTF…».
Un tweet qualifié à l’unanimité de « raciste », d' »infâme » et de « xénophobe » par la classe politique française, y compris par les militants du parti Les Républicains. Mais pourquoi cet appel aux « ratonnades » contre les Algériens et ce timing bien précis ?
Pour Benjamin Stora, «la conception » de ces gens-là « reste prisonnière des imaginaires coloniaux, de perpétuation de domination. Ainsi, ils refusent toute restitution de biens ou archives, qui, pourtant, appartiennent à l’Algérie».
Chargée par Alger et Paris du travail de mémoire sur la colonisation française, la commission mixte d’historiens français et algériens tente d’avancer tant bien que mal pour un apaisement des mémoires.
Pour Benjamin Stora, «leur refus de restitution de biens ayant appartenu à l’Emir Abdelkader est significatif, alors que, autour de la grande figure de ce personnage peut se construire un pont d’amitié entre les deux rives de la Méditerranée».
Le président de la partie française de la commission laisse entrevoir une note d’espoir et de détermination en soulignant que «la Commission mixte des historiens français et algériens continuera son travail, en s’appuyant sur les aspirations de la jeunesse, des deux pays, qui veulent connaître et affronter leur histoire ».
Il faut rappeler que la Commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire, réunie les 22 et 23 mai 2024 au siège des Archives nationales, à Birkhadem, Alger, a rendu public le lundi 27 mai un communiqué dans lequel la partie algérienne a présenté une liste ouverte de biens historiques algériens proposés à la restitution.
« La partie algérienne présente une liste ouverte de biens historiques et symboliques de l’Algérie du XIX siècle, conservés dans différentes institutions françaises, proposés à la restitution à l’Algérie sous forme de gestes symboliques », avait indiqué un communiqué commun des historiens français et algériens..
K. L. C.