Des comptes alimentés par des robots (« bots ») ont mené des campagnes islamophobes et antisémites pendant la campagne des législatives au Royaume-Uni, a révélé ce mardi 2 juillet une ONG britannique.
Cette campagne de « haine » et de « désinformation » sur les réseaux sociaux pendant la campagne des législatives au Royaume-Uni a été mené par des bots, avec des publications islamophobes et antisémites vues 150 millions de fois par les internautes, a indiqué la même source.
Depuis le 22 mai, date à laquelle le scrutin prévu jeudi a été annoncé, Global Witness a identifié puis suivi l’activité de dix comptes sur X qu’il suspectait être des « bots », diffusant des contenus générés par ordinateur mais à la ressemblance troublante avec ceux publiés par de vrais internautes.
Les bots ont à eux seuls, en l’espace de six semaines de campagne au Royaume-Uni, partagé plus de 60 000 messages faisant l’écho de théories du complot sur les vaccins, de discours de haine, de propos islamophobes, antisémites, homophobes ou transphobes.
De par leur production prolifique, ces comptes pourraient avoir influencé de manière « surdimensionnée » les électeurs, avec notamment de nombreux contenus favorables au président russe Vladimir Poutine, précise l’ONG.
Son étude s’inscrit dans un contexte plus général d’inquiétudes sur la sécurité des nombreuses élections de l’année 2024 dans le monde, du fait des progrès fulgurants de l’IA générative et de tensions géopolitiques accrues.
Le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a prévenu dimanche que des acteurs hostiles, comme la Russie, cherchaient à influencer le scrutin en partageant sur Facebook des discours favorables au Kremlin.
Ava Lee, responsable de campagne chez Global Witness, a exhorté X et d’autres réseaux sociaux à « nettoyer leurs plateformes et à faire passer nos démocraties avant leurs profits ».
L’ONG a également appelé X – anciennement Twitter avant d’être racheté par le milliardaire Elon Musk en 2022 – à ouvrir une enquête au nom d’une potentielle violation des règles en vigueur sur le réseau.
Lorsque les internautes voient ces publications, sans savoir qu’elles ont été « influencées par quelqu’un qui a payé pour que ces robots sèment la division ou portent un parti au pouvoir, notre démocratie est en danger », a ajouté Ava Lee.
Contacté, X n’a pas répondu à l’AFP.
Huit des dix comptes étudiés par l’ONG – encore tous actifs aujourd’hui sauf un – sont ouvertement partisans, s’alignant clairement pour (ou contre) un parti en utilisant son logo ou en republiant ses contenus, selon Global Witness.
L’organisation n’est cependant pas parvenue à trouver des éléments suggérant que des partis politiques auraient payé pour utiliser ces « bots » ou se seraient appuyés sur eux lors de leur campagne.