Site icon Diaspora Algėrienne

Commémoration du Printemps berbère : Idir comme repère

Printemps berbère idir

Hamid Hachi, président de la Coordination des associations amazighes de France, à l’initiative de l’hommage. Photo Diasporadz

Ce dimanche 20 avril, à l’occasion du 45e anniversaire du Printemps berbère, la communauté amazighe d’Europe s’est réunie dans un souffle fraternel et militant, au Square Idir.

Comme chaque année, cette date, gravée dans la mémoire collective algérienne, résonne comme un rappel vibrant des luttes pour la démocratie et la reconnaissance de l’identité amazighe. En Kabylie comme ailleurs, le 20 avril n’est pas une simple commémoration : c’est un engagement qui se perpétue, une flamme que l’on ravive.

À Paris, dans le Square Idir – baptisé en hommage au célèbre artiste et militant kabyle –, l’association Tiddukla n’At-Yani a organisé une cérémonie toute particulière. Cette édition 2025 a été marquée par un hommage appuyé à Idir, Hamid Cheriet de son vrai nom, l’artiste de toutes les générations, celui dont la voix a porté l’amazighité bien au-delà des frontières.

Le square, niché dans le 20e arrondissement de Paris, s’est transformé en une véritable agora populaire et chaleureuse, où se sont entremêlés discours, souvenirs et musique.

Après les mots d’accueil du président de ĺa coordination des associations Amazigh de France, Hamid Hachi, son secrétaire général, Hacene Naamane, et de plusieurs membres de Tiddukla n’At-Yani, le moment a laissé place aux interventions de figures marquantes, venues saluer l’héritage d’Idir et rappeler la portée historique du combat amazigh.

À LIRE AUSSI
Printemps berbère : Mhamed Rechidi, le révolutionnaire de la basse Casbah

Parmi elles : Saïd Sadi, figure emblématique du combat démocratique en Algérie et acteur majeur du 20 avril 1980, Nacer Kettane, homme de médias et PDG de Beur FM, le chanteur engagé Madjid Soula, Hacène Hireche, militant de la revendication Amazigh et ancien enseignant de langue berbère à l’université Paris 8, Mouloud Ouacher, président de l’AIF Iwadiyen ou encore Brahim Saci, homme de lettres, discret mais fidèle à la mémoire des siens. Tous ont livré des mots forts et émouvants, rendant un hommage sincère à celui que la diaspora amazighe considère comme une icône culturelle et une voix de la liberté et de la paix.

L’émotion était palpable. Chacun a évoqué « son » Idir : l’homme simple, le passeur de culture, ambassadeur naturel et incontestable de la langue amazighe à travers le monde. Pour rappel,

la dimension de l’homme et l’apport de l’artiste trouvent une résonance particulière dans les mots de Mouloud Mammeri, pionnier et figure majeure du combat identitaire, lors de l’un de leurs échanges :

« Tu sais Hamid, je ne pensais pas vivre avant de voir que la lumière de notre culture pouvait être si magnifiquement restituée et si bien interprétée. Tu lui as redonné la place qui lui revient de droit et là haut au ciel je sens que nos ancêtres jettent sur toi des bénédictions sous forme de poussières d’étoiles

Son œuvre, profondément enracinée dans la terre Amazigh, continue de parler à ceux qui rêvent d’une Algérie plurielle, juste et réconciliée avec toutes ses composantes.

À LIRE AUSSI
Tassadit Yacine : Le Printemps berbère s’est nourri de toutes les frustrations culturelles et politiques

Le programme, soigneusement pensé, a alterné témoignages, instants de recueillement et interludes musicaux. Les voix se sont unies autour des chansons d’Idir, dans une communion musicale qui a fait vibrer les cœurs et les mémoires, grâce aux interprétations d’artistes tels que Saïd Remal, Lycia Nabeth, Belaïd Branis, Akli D. et Tizemarin n’At Yanni.

Et comme le veut la tradition à chaque événement, un succulent couscous, généreusement préparé par les femmes d’Ath Yani, venues en nombre et très investies, a été offert aux participants. Un geste simple mais chargé de sens, venu clore cette journée dans un esprit de partage et de convivialité, fidèle à l’âme amazighe.

Plus qu’une cérémonie, cette rencontre fut une fête fraternelle, une respiration dans un monde trop souvent asphyxié par l’oubli et l’indifférence.

Ce 20 avril 2025 n’a pas dérogé à la règle : la mémoire est vivante, le combat continue, et l’héritage se transmet.

Hamid Banoune

Quitter la version mobile