vendredi, 13 septembre 2024
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Daoud Mekhous, la langue kabyle en bandoulière

Daoud Mekhous invité de l’écrivain Youcef Zirem au café littéraire parisien de l’Impondérable nous a ébloui par sa maîtrise d’une langue kabyle ciselée, travaillée qui n’a rien à envier aux langues internationales, par son imaginaire fertile qui ne demande qu’à se développer et s’élever pour atteindre les plus hautes cimes.

Le passage de l’auteur Daoud Mekhous au café l’Impondérable a renforcé en nous la conviction que la littérature d’expression berbère, plus particulièrement en langue kabyle a de beaux jours devant elle.

La langue berbère plusieurs fois millénaire ne cesse d’occuper du terrain, celui de la création, de la poésie, du roman et de la nouvelle et ceci dans ses différentes langues que ce soit en Algérie, ou ailleurs. Nous sommes loin de la littérature orale, depuis, la Méthode de langue kabyle, de Saïd Boulifa en 1913 et le premier roman, Asfel de Rachid Aliche paru en 1981. Les premiers instituteurs, comme Boulifa, Ben Sedira, ont laissé des textes de littérature orale, comme les poèmes de Si Mohand collectés et publiés par Boulifa.

Mais le premier texte littéraire fut celui de Belaïd Aït Ali ; mort prématurément à 39 ans en 1950, auteur d’un seul ouvrage que le Fichier de Documentation Berbère publia en 1962 sous le titre : Les cahiers de Belaïd ou la Kabylie d’antan. Cet ouvrage est un recueil de poèmes (isefra), de contes (timucuha) et de « nouvelles » (amexluḍ, un mélange descènes de la vie quotidienne en Kabylie)un genre innovant difficile à définir.

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Mouloud Mammeri, figure emblématique de la défense de la culture berbère, insuffla un nouvel élan à la littérature berbère. Il recueille et publie, en 1969, les textes du poète kabyle Si Mohand, comme l’ont fait Boulifa en 1904 et Mouloud Feraoun en 1960, en tant que linguiste, Mouloud Mammeri a fixé la graphie berbère (Alphabet berbère latin), même si celle-ci est encore en évolution.

On a vu apparaitre ces dernières années beaucoup d’écrivain en langue kabyle, après tant de peines, cette langue s’approprie un espace resté vierge.

Daoud Mekhous fait partie de cette littérature kabyle émergente, c’est un passionné, très productif, qui magnifie les genres littéraires, passant aisément d’un genre à l’autre, du roman à la nouvelle. Son intervention au café littéraire de l’Impondérable et l’échange avec Youcef Zirem et le public, étaient claires et lucides, si la littérature kabyle souffre d’un manque de lecteurs elle est par contre en pleine expansion, améliorant la qualité, amenant une grande diversité, et un plus grand choix qui ne peut que ramener des lecteurs.

Daoud Mekhous, cet enfant des At Wertiran, au nord-ouest de la wilaya de Sétif en basse Kabylie, cette belle région frontalière de trois wilayas, Béjaïa, Sétif et Bordj Bou Arréridj, une région où résonne encore les noms de Hocine Al Wartilani, un savant du XVIIIe siècle, Abdelhamid Benzine, résistant, militant politique, écrivain et ancien rédacteur en chef d’Alger Républicain.

Abdelhafid Amokrane, compagnon et bras droit de Amirouche Ait Hamouda dans la Wilaya III historique, Cheikh Fodil Al Ouartilani, grand savant algérien de son époque, Cheikh El Mouhoub Ulahbib, un savant du XIXe siècle, connu pour avoir constitué une bibliothèque, d’une riche collection de manuscrits pluridisciplinaires.

Cette belle région célèbre pour ses savants continue d’enfanter des lumières, Daoud Mekhous en fait partie, cet amoureux de sa terre, de sa langue, de sa culture, est l’un des écrivains en langue kabyle les plus prolifiques, son style ne cesse de s’améliorer et de s’affiner au fil des livres pour le plus grand bonheur d’un lectorat exigeant et grandissant.

BRAHIM SACI

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