Le n°3 de la liste du Rassemblement national (RN) aux européennes, Fabrice Leggeri, est visé par une plainte pour « complicité de crimes contre l’humanité » et « complicité de torture », ont révélé franceinfo et Le Monde, mardi 23 avril.
La Ligue des Droits de l’Homme et Utopia 56 ont déposé, mardi 23 avril, une plainte à Paris pour « complicité de crimes contre l’humanité » et « complicité de torture » contre Fabrice Leggeri, le n°3 de la liste RN pour les élections européennes, révèlent Franceinfo et Le Monde.
La plainte de 53 pages avec constitution de partie civile concernant Fabrice Leggeri a été déposée ce mardi après-midi, 23 avril, au doyen des juges d’instruction du tribunal judiciaire de Paris.
Dans cette plainte, il est reproché à Fabrice Leggeri d’avoir activement facilité des refoulements illégaux en mer de bateaux de migrants dans le cadre de ses fonctions.
Il occupait alors le poste de directeur exécutif de Frontex, l’agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes.
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« Obstacle à l’intervention d’ONG »
Selon la Ligue des Droits de l’Homme et Utopia 56, « Fabrice Leggeri a permis l’interception de bateaux de migrants par les garde-côtes libyens, à la fois en faisant obstacle à l’intervention d’ONG présentes en mer, mais aussi en livrant aux garde-côtes libyens les coordonnées GPS ou les photos aériennes de ces embarcations », rapporte Franceinfo.
Or, il était établi par les Nations unies que ces migrants étaient exposés en Libye aux risques de violences physiques et sexuelles, de détention arbitraire, de torture et d’esclavage. Ces personnes étaient en danger et avaient besoin d’assistance et d’aide, comme stipulé par la Convention de Genève de 1951.
« La qualification de complicité de crime contre l’humanité est une qualification criminelle et grave, mais ce qui est plus grave, c’est de laisser mourir des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants en Méditerranée, c’est de favoriser leur transfert forcé vers des centres d’esclavage en Libye », estime Emmanuel Daoud, l’avocat de la Ligue des Droits de l’Homme.
« Refoulement de bateaux de migrants »
« La LDH et Utopia 56 accusent également Fabrice Leggeri d’avoir facilité le refoulement de bateaux de migrants de la Grèce vers la Turquie, en refusant, dit la plainte, de relayer leurs signaux de détresse », rapporte encore Franceinfo.
Dans la plainte, il est reproché à Fabrice Leggeri « d’avoir dissimulé ces opérations, en ne les mentionnant pas dans les rapports de l’agence Frontex, et d’avoir fait obstacle à la saisine de l’officier des droits fondamentaux en charge du contrôle des opérations de Frontex ».
La LDH et Utopia 56 se sont appuyé pour la rédaction de la plainte sur un rapport de l’Office européen de lutte anti-fraude qui a avait révélé des pratiques illégales mettant en cause le rôle de Fabrice Leggeri à la tête de Frontex.
Il y a deux ans en effet, le Centre européen pour les Droits constitutionnels et humains, une ONG allemande, avait demandé à la Cour pénale internationale à La Haye d’ouvrir une enquête sur le rôle de plusieurs hauts fonctionnaires, dont Fabrice Leggeri, dans ces refoulements de bateaux de migrants entre 2018 et 2021.
Les conclusions de ce rapport avaient contraint Fabrice Leggeri à la démission en 2022. Moins de deux ans plus tard, en février dernier, celui qui a été formé à l’ENA et a fait toute sa carrière dans la haute fonction publique a annoncé rejoindre la liste du Rassemblement national, conduite par Jordan Bardella, pour les élections européennes du 9 juin prochain.
Des « allégations totalement incorrectes »
« Ces allégations » « sont totalement incorrectes », a réagi Fabrice Leggeri à Franceinfo. « Lorsque j’étais directeur de Frontex de 2015 à 2022, l’agence européenne a sauvé plus de 350 000 migrants en mer en conformité avec le droit international de la mer », a indiqué le candidat RN. « Des plaintes pour diffamation sont déjà en préparation contre plusieurs membres de LFI qui ont publiquement proféré ce genre d’accusations totalement infondées », a-t-il ajouté.
« Le RN est le seul rempart contre le terrorisme intellectuel que l’extrême-gauche et ses ONG font peser sur la France et sur l’Europe pour démanteler l’idée même d’un contrôle des frontières », a écrit Fabrice Leggeri sur son compte X.
Synthèse S. A.
