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Frédéric Lemaître : « Le magazine Persona est une aventure exceptionnelle »

Frédéric Lemaître persona

Frédéric Lemaître est rédacteur en chef du magazine Persona. Photo Anne Marzeliere

Frédéric Lemaître est rédacteur en chef du magazine Persona, une belle revue pluridisciplinaire trimestrielle très en vogue aujourd’hui, qui tend à devenir incontournable dans le monde artistique tant la qualité est au rendez-vous.

Persona est une revue de l’amour faite avec amour, cœur et esprit, c’est un espace culturel d’échanges, de dialogues, de rencontres avec le monde de l’art, avec des artistes de tous horizons.

Entretien réalisé par Brahim Saci

Diasporadz : Comment est née l’idée de ce beau magazine Persona ?

Frédéric Lemaître : Par frustration d’abord, car, moi Frédéric, écrivais déjà dans plusieurs fanzines, mais sans y trouver mon compte. J’eus alors l’idée de créer ma propre revue en y mettant tout ce qui me plaît : musique, photographie, littérature, philosophie…

Isabelle Dalle ma compagne, graphiste de métier, a dit « Banco, je t’accompagne ». Alors, si je suis le fond, elle est la forme et c’est évidemment son travail que l’on voit en premier et qui séduit au premier regard. Ensuite, le lecteur peut se faire une idée du reste en allant plus en profondeur, au rythme de sa curiosité.

Diasporadz : Comment s’est fait le choix du nom Persona ?

Frédéric Lemaître : Comme souvent, c’est l’esprit libre et ouvert qui libère une pensée en adéquation avec sa propre ligne de vie. Le nom est arrivé comme une évidence. Puisque j’avais l’intention d’interroger l’être intérieur de chacun, fouiller sa persona, sa vibration interne, l’inspiration ou le souffle divin m’a alors chuchoté ce nom que j’ai accueilli instantanément avec joie et clarté. C’était comme une certitude, ça ne pouvait pas être autrement. Aller chercher la face cachée.

Diasporadz : Persona s’illustre et s’impose par sa qualité. Chaque revue est comme un tableau de grand maître, c’est à chaque fois un beau voyage poétique à travers la beauté graphique et la pertinence des entretiens qui nous promènent entre l’ombre et la lumière, comment arrivez-vous à cette prouesse ?

Frédéric Lemaître : C’est beaucoup de travail. Il faut savoir écouter l’autre et longtemps pour voir sa beauté intérieure comme extérieure. C’est aussi une passion, c’est pourquoi passer autant de temps sur le travail de chaque artiste n’est pas assommant, mais au contraire très enrichissant. Ainsi les questions à leur poser arrivent assez facilement, avec cohérence et intérêt.

C’est aussi un moment de plaisir intense de savoir que nous avons entre nos mains tant de secrets à faire découvrir et à entendre. Il y a ensuite la mise en page… mettre en lumière le travail de chacun… et pour cela l’intelligence, l’invention et la perspicacité d’Isabelle Dalle font des miracles. Tout s’imbrique avec finesse pour le plaisir des yeux.

Diasporadz : Comment se fait le choix des rencontres ?

Frédéric Lemaître : Par affinité bien sûr. Il y a aussi parfois et de plus en plus souvent l’agrément de découvrir des artistes inconnus du grand public, mais qui de leur côté ont également développé un langage personnel et pertinent qu’une oreille avisée comme celle de Persona a su entendre de son radar singulier et avide de nouveauté.

Il y a également la volupté des rencontres atypiques et bien entendu les propositions des attachées de presse qui révèlent aussi de leur côté de splendides trouvailles, parfois.

Diasporadz : Vous offrez un espace de liberté rare aujourd’hui, les nombreux artistes qui vous sollicitent en sont-ils conscients ?

Frédéric Lemaître : J’espère, mais bien souvent la jeunesse s’en fiche et est déjà passée à autre chose l’instant d’après ! Question de génération. Le constat est donc souvent amer car beaucoup de personnes considèrent la revue comme un espace de com’, ce qu’elle ne veut surtout pas être, mais au contraire, un véritable échange entre passionnés et artistes.

Diasporadz : Un mot sur la célèbre graphiste Isabelle Dalle qui vous accompagne…

Frédéric Lemaître : J’en parle déjà plus haut. Elle a su transformer le sable en château, exploitant mes idées de départ pour en faire des joyaux. Alors elle est essentielle dans cette aventure. Sans elle il n’y aurait pas de revue Persona avec cette si débordante créativité. À chaque numéro, il est donc normal de trouver son travail pictural personnel au dos de chaque revue, telle une signature.

En ce qui concerne le nouveau numéro pour l’automne 2024 (le n°27), carte blanche lui a été donnée pour la couverture et illustrer notre dossier sur les vampires, êtres nocturnes ayant la singularité de tendre un miroir aux humains. Elle a évidemment su honorer le sujet d’une sublime œuvre graphique devant laquelle tout le monde est subjugué.

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Diasporadz : Votre travail est à saluer à plus d’un titre, la publicité ne vous enchaîne pas comme c’est le cas pour beaucoup de magazines, ce qui donne un souffle exclusif à la revue Persona, qu’en pensez-vous ?

Frédéric Lemaître : C’est évident que sans publicité à l’intérieur de la revue, nous sommes seuls maîtres de nos choix et intentions éditoriales. C’est un luxe que nous ne boudons pas, mais que nous avons choisi dès le départ, c’est donc totalement assumé de procéder ainsi. Nous n’avons à subir la censure et la pression de personne !

Diasporadz : Quels sont vos influences et vos références dans l’écriture et le journalisme ?

Frédéric Lemaître : Il y avait bien évidemment le travail prodigieux des premiers numéros des Inrockuptibles en ce qui concerne leurs longues interviews et aussi l’élégance iconographique qui était alors unique. J’aimais aussi beaucoup le graphisme pure et simple de la revue géante ÉGOÏSTE dont les numéros aujourd’hui valent une fortune ! Puisse Persona devenir aussi culte et recherchée dans quelques années.

Diasporadz : Votre avant-dernière publication était un double numéro pour le prix d’un. C’est très généreux et courageux, et puis il y a l’hommage émouvant, poignant, à votre ami Frank Darcel qui nous a quittés récemment. Un mot sur Frank Darcel, cet artiste, écrivain, musicien emblématique des années 80 en France.

Frédéric Lemaître : Frank Darcel a été l’homme de l’ombre pendant de nombreuses années sous l’ère du groupe Marquis de Sade, car son chanteur, Philippe Pascal, était si charismatique qu’il attirait toute la lumière sur lui.

Mais Frank en écrivait la musique, les arrangements et c’est d’ailleurs ce qui conduit Étienne Daho à lui demander de s’occuper de l’enregistrement de sa première démo puis ensuite de son deuxième album La notte, la notte. Frank a donc toujours été immergé dans la musique jusqu’au bout. J’ai découvert seulement tardivement que c’était un très grand romantique, plein de générosité et de fougue.

Diasporadz : Un dernier mot peut-être ?

Frédéric Lemaître : Le magazine Persona est une aventure exceptionnelle qui donne la possibilité de rencontrer des artistes provenant d’univers différents et rien que ça c’est déjà énorme. Mais ce qu’il y a de plus beau, c’est que peu à peu, et à travers les rendez-vous des sorties trimestrielles, cette revue est également devenue un lieu de rencontres entre les artistes eux-mêmes, fédérant une curiosité réciproque et l’amour d’être ensemble, unis dans une même veine pour la vie de l’art et l’art de la vie.

La prochaine sortie de la revue Persona se tiendra dimanche 27 octobre dans le hall de l’hôtel Le Pigalle, 9 rue Frochot à Paris.

Entretien réalisé par Brahim Saci

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