Si C8, la chaîne d’extrême droite où sévit Cyril Hanouna, a vu sa fréquence TNT non renouvelée par l’Arcom, Cnews, elle, continuera de radicaliser l’opinion publique en France.
Le régulateur de l’audiovisuel, l’Arcom, a écarté la candidature pour la réattribution des fréquences TNT en 2025 de C8, la chaîne la plus sanctionnée de France, et accepté celle de Cnews, l’autre chaine d’extrême droite du milliardaire Vincent Bolloré.
L’Arcom a dévoilé mercredi 24 juillet les candidats retenus pour l’attribution de 15 fréquences TNT en 2025, après des auditions courant juillet.
Il a fondé sa décision notamment sur « l’intérêt de chaque projet pour le public au regard de l’impératif prioritaire de pluralisme », écrit-il dans un communiqué.
Les décisions concernant C8 et CNews, du milliardaire Vincent Bolloré, étaient les plus attendues, de nombreuses voix accusant ces chaînes de promouvoir des idées racistes, islamophobes et de haine.
A l’inverse, leurs soutiens, également nombreux, invoquent « la liberté d’expression » pour justifier leur existence.
CNews, fondée en 2017 et qui s’est classée numéro un (en part d’audience) des chaînes d’info en mai et juin, a, elle, obtenu le renouvellement de sa fréquence.
Des chaînes déjà existantes étaient en concurrence avec de nouveaux prétendants issus de la presse, comme RéelsTV (du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky), OF TV (du groupe régional Ouest-France), qui ont été retenus.
L’Express TV et Le Média TV, de la webtélé de la gauche, ont été écartés. Au total, 24 projets étaient en lice.
En ne retenant pas C8 qui cumule 7,6 millions d’euros d’amende en raison des dérapages de son animateur vedette Cyril Hanouna – comme des insultes à l’antenne contre un député de gauche -, « l’Arcom tire les premières conséquences logiques des dérives des antennes contrôlées par Vincent Bolloré », a réagi le nouveau directeur général de l’ONG de défense de la presse RSF, Thibaut Bruttin.
Le régulateur « a pris la mesure de ses responsabilités », a-t-il ajouté.
Le député de la gauche radicale, Aurélien Saintoul (LFI), rapporteur d’une récente commission d’enquête sur les fréquences TNT, a pris acte « avec satisfaction » de l’éviction de C8, tout en déplorant le maintien de CNews, elle aussi régulièrement rappelée à l’ordre par l’Arcom.
La décision a été tout naturellement dénoncée par l’extrême droite française comme une forme de « censure ».
« Pour le pouvoir le pluralisme est insupportable », a cinglé la présidente des députés du Rassemblement national Marine Le Pen qui confond liberté d’opinion et délit.
« La gauche, qui ne supporte aucune remise en cause de son hégémonie culturelle (…), a eu le scalp de C8 en faisant pression sur une autorité « indépendante » », a aussi réagi le président du RN Jordan Bardella.
Le retrait de sa fréquence ne signera pas forcément l’arrêt total de C8, compte tenu des possibilités de diffusion offertes par Internet, les box ou les télés connectées.
Mais la TNT, lancée en 2005, structure encore largement le paysage audiovisuel français et reste l’unique mode de réception de la télévision pour près de 20% des foyers équipés d’un poste.
Interrogé par l’AFP, le groupe Canal+ a indiqué qu’il ne faisait « aucun commentaire à date ». La nouvelle s’affichait sur les bandeaux déroulants de la chaîne d’information en continu CNews.
Après avoir rendu son verdict mercredi, l’Arcom va entamer des négociations pour définir un cahier des charges avec les chaînes d’ici à la fin de l’année, et les autoriser à émettre courant 2025 pour une durée de dix ans maximum.