jeudi, 21 novembre 2024
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Incendie de Nice : la piste du trafic de stupéfiants confirmée

Les soupçons étaient immédiats et la vaste enquête engagée l’a confirmé : les sept personnes, dont trois enfants, mortes dans un incendie criminel la nuit du 17 au 18 juillet dans un quartier populaire de Nice sont des victimes collatérales du trafic de stupéfiants.

Deux hommes de 25 et 21 ans, d’ores et déjà interpellés, doivent être déférés ce lundi 22 juillet en vue d’une mise en examen dans l’affaire de l’incendie de Nice, et trois autres, dont un mineur âgé de 17 ans, impliqués dans le trafic de stupéfiants, sont « activement recherchés », a précisé Damien Martinelli lors d’une déclaration à la presse.

Quant au mobile, « la piste de faits intervenant dans le cadre d’un conflit sur fond de trafic de stupéfiants se confirme », a-t-il ajouté, expliquant que les victimes de l’incendie de Nice n’avaient aucun lien « directement ou indirectement » avec cette guerre pour le contrôle de points de ventes voisins.

Mais les incendiaires ne pouvaient ignorer le risque de tuer de manière indiscriminée en allumant un feu si puissant en pleine nuit dans un immeuble d’habitation, a insisté le procureur.

Dans l’immeuble, « des traces de produit accélérant en quantités significatives » ont été relevées. Les trois feux allumés au 1er, 2e et 3e étages « ont développé des flammes et des fumées concentrées dans la cage d’escalier », qui se sont retrouvées bloquées au 7e et dernier étage où un appel d’air a provoqué « un embrasement violent » dans l’appartement d’une famille d’origine comorienne.

Trois enfants de cinq, sept et 10 ans, un adolescent de 17 ans, deux femmes de 22 et 46 ans ainsi qu’un homme de 45 ans, qui s’était défenestré pour échapper aux flammes, ont succombé.

Un jeune homme de 23 ans qui avait lui aussi sauté est grièvement blessé mais son pronostic vital n’est plus engagé. Les pompiers avaient sauvé in-extremis deux jeunes de 17 et 19 ans avant de mettre à l’abri une trentaine de personnes menacées dans les appartements voisins.

« Possibles donneurs d’ordre »

Après avoir ouvert jeudi une enquête préliminaire pour « destruction volontaire par incendie en bande organisée ayant entraîné la mort » et « association de malfaiteurs », des faits passibles de la réclusion criminelle à perpétuité, le parquet a requis lundi l’ouverture d’une information judiciaire et la désignation de deux juges d’instruction.

Le premier des deux hommes devant être déférés lundi s’était présenté dès le 18 juillet, affirmant avoir été contraint de conduire le véhicule. Mais l’enquête laisse envisager « une implication beaucoup plus forte », a relevé le procureur.

Le second, âgé de 21 ans, un des incendiaires présumés, a été interpellé dimanche après-midi à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Résidant dans le Val d’Oise, il portait des bandages aux jambes en raison de brûlures récentes. Conduit à Nice, il a pour l’instant gardé le silence.

Les deux hommes étaient connus des services de police pour « des faits mineurs ».

Les deux autres incendiaires recherchés et un troisième homme resté lui dans la voiture sont âgés de 17, 18 et 23 ans et résident dans les Alpes-Maritimes ou en région parisienne.

L’enquête, menée par des dizaines de policiers dans le département et au-delà, a pu progresser grâce aux images de vidéosurveillance mais aussi des fadettes et des conversations interceptées sur les téléphones géolocalisés sur les lieux.

L’analyse des images des caméras a ainsi permis de suivre une Renault Clio noire, une voiture de location, qui a tourné plusieurs fois dans le quartier la nuit du drame.

Trois jeunes hommes, visage découvert, en sont descendus à 02h15 mais ont trouvé l’immeuble fermé. Revenus dix minutes plus tard, ils sont entrés en brisant la vitre de la porte avec une pierre. Ils en sont ressortis à 2h27 et la voiture a pris rapidement l’autoroute en direction de l’est. Les pompiers ont été alertés à l’aide à 2h28.

Au-delà de l’interpellation des trois derniers suspects, « les investigations devront aussi viser, identifier et rechercher de possibles donneurs d’ordres », a insisté le procureur.

Classé « politique de la ville », le quartier des Moulins, dans l’ouest de Nice, est à la fois proche des grands axes de communication et relativement enclavé. Il compte environ 8.000 habitants et a fait l’objet de vastes programmes de rénovation.

Mais beaucoup d’immeubles restent vétustes et les dégradations importantes, tandis que les points de vente de stupéfiants y prospèrent, suscitant la convoitise.

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