Les Jeux olympiques, cet événement planétaire qui transcende les frontières, les cultures et les croyances, symbole d’unité, de paix et de valeurs sportives, ont souvent été l’occasion de manipulation politique perverse.
L’histoire nous montre que les valeurs sportives ont fréquemment été détournées par un nationalisme mal placé ou par des dirigeants politiques désireux de masquer leurs propres échecs.
Ces tentatives de récupération des exploits sportifs pour servir des agendas politiques ternissent l’esprit même des Jeux, dévoyant ainsi la pureté de la compétition et les idéaux olympiques.
L’exemple le plus frappant de cette perversion des valeurs olympiques par la politique reste sans doute les Jeux de Berlin en 1936. Adolf Hitler, alors au pouvoir, a utilisé cet événement pour promouvoir l’idéologie nazie, espérant prouver la supériorité de la « race aryenne ».
Les Jeux de Berlin ont été conçus comme une gigantesque opération de propagande, avec une mise en scène orchestrée pour magnifier le régime nazi. Les exploits sportifs, tels que ceux du coureur afro-américain Jesse Owens, qui a remporté quatre médailles d’or, ont démontré l’absurdité des théories raciales nazies, mais cela n’a pas empêché Hitler de manipuler l’image des Jeux à des fins de son idéologie suprémaciste.
Les Jeux de Mexico en 1968, marqués par le geste fort des athlètes américains Tommie Smith et John Carlos qui ont levé le poing sur le podium pour dénoncer les injustices sociales et raciales aux États-Unis, ont souligné la politisation des Jeux comme une plateforme d’expression contre les inégalités.
Les boycotts des Jeux de Moscou en 1980 et de Los Angeles en 1984 par les États-Unis et l’Union soviétique, en pleine Guerre froide, ont transformé les Jeux en un champ de bataille idéologique. Et ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres.
Aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux où tout se propage à une vitesse vertigineuse, un terrain fertile s’est créé pour ceux qui excellent dans les eaux troubles. La récente fausse polémique portant sur le « genre » de la boxeuse algérienne Imane Khelif, fraîchement sacrée championne olympique avec un mérite incontestable, illustre non seulement l’instrumentalisation des Jeux et des athlètes mais aussi une volonté manifeste de ternir la beauté et l’esprit des Jeux de Paris.
La campagne de dénigrement et de désinformation qui a ciblé directement la boxeuse algérienne, dont la féminité a été injustement mise en doute de manière particulièrement misogyne et raciste, visait également à ternir l’image de l’Algérie à l’internationale.
Imane Khelif a dû exhorter, en plein Jeux Olympiques, « tous les peuples du monde à respecter les principes olympiques, conformément à la Charte olympique ».
Ces exemples montrent comment les Jeux olympiques, bien qu’ils soient censés être apolitiques, ont souvent été pris en otage par des gouvernements cherchant à tirer profit des exploits de leurs athlètes ou à dénigrer les autres à des fins politiques, ou encore utilisés comme arènes de règlement de comptes idéologiques.
Cette instrumentalisation va à l’encontre des valeurs d’amitié, de respect et d’excellence que prône le mouvement olympique. Il est crucial que le CIO et les nations participantes demeurent vigilants face à ces tentatives de récupération, afin de préserver l’esprit olympique et garantir que les Jeux restent une célébration de l’humanité et non un outil de propagande.
La beauté des Jeux olympiques réside dans leur capacité à rassembler des individus du monde entier, transcendant les conflits et les différences. Protégeons cette beauté des griffes du nationalisme exacerbé et de la politique, afin que les athlètes puissent continuer à briller, non pour la gloire d’un dirigeant ou d’une idéologie, mais pour celle de l’humanité tout entière.
Sommes-nous rêveurs ou réalistes ? À chacun son opinion.
Hamid Banoune
