Ils voulaient profiter des JO-2024 de Paris pour mettre en vedette un mode de transport innovant dans le ciel parisien, mais les promoteurs des « taxis volants » électriques ont dû y renoncer, faute de certification.
Le gestionnaire d’aéroports Groupe ADP et la start-up aéronautique allemande Volocopter visent désormais à faire décoller leurs « taxis volants » « d’ici à la fin de l’année » depuis une plateforme flottant sur la Seine, ont-ils annoncé à l’AFP jeudi 8 août, à quatre jours de la clôture des JO-2024 de Paris.
« Le coup de frein est réel », a reconnu jeudi sur franceinfo Augustin de Romanet, le PDG du Groupe ADP. « Mais nous conservons l’espoir de faire voler ces engins au-dessus de la Seine avant la ré-ouverture de Notre-Dame, » prévue en décembre, a-t-il ajouté.
Initialement, ADP et Volocopter, soutenus par la région Ile-de-France, souhaitaient effectuer des vols expérimentaux à partir d’une plateforme aménagée, amarrée à un quai au niveau d’Austerlitz, dans l’est de la capitale, en capitalisant sur l’attention mondiale portée aux Jeux olympiques.
Les deux entreprises prévoient néanmoins d’organiser des démonstrations de vol avec un prototype, sans passager: la première aura lieu jeudi à l’aérodrome de Saint-Cyr-l’Ecole (Yvelines) et la deuxième dimanche depuis le Grand Trianon situé dans le parc du Château de Versailles, d’où s’était élevé en 1783 le premier engin volant de l’histoire, la montgolfière des frères Montgolfier.
« ADP poursuit la fuite en avant (…). Ce vol versaillais serait donc réalisé sans homologation de l’AESA (Agence européenne de sécurité aérienne, ndlr), ce qui interroge et confirme la stratégie de passage en force permanent des porteurs de ce projet », a réagi dans un communiqué Céline Malaisé, présidente du groupe communiste au conseil régional.
La certification du Volocity, l’engin conçu et fabriqué par Volocopter, a subi un « décalage de quelques semaines » lié à ses moteurs, a expliqué Edward Arkwright, le directeur général exécutif du Groupe ADP, qui gère des aéroports et aérodromes de la région parisienne, dont Paris-Charles-de-Gaulle et Orly, mais aussi Saint-Cyr.
Ce moteur, fabriqué par un fournisseur américain, « avait de petites vibrations », a expliqué M. de Romanet. Un défaut obligeant le certificateur européen à demander des modifications et à ajourner la certification.
Le but à terme des premiers vols inauguraux était de démontrer la faisabilité d’un nouveau mode de transport en zone urbaine dense, en faisant circuler ces appareils à décollage et atterrissage vertical (VTOL en anglais) entre plusieurs « vertiports ».
Parmi ceux-ci figurent l’installation de Saint-Cyr, qui doit être inaugurée jeudi et comprendra un poste d’inspection-filtrage des bagages des passagers, une station de recharge des appareils et une aire de stationnement, a détaillé M. Arkwright.
Elus parisiens hostiles aux taxis volants
Le projet, évoqué depuis fin 2020, avait déjà vu ses ambitions révisées en baisse ces derniers mois, Volocopter n’ayant pas obtenu à temps une certification de l’AESA pour accueillir des passagers payants.
Le PDG de l’entreprise, Dirk Hoke, a attribué ce nouveau retard à « un sous-traitant américain qui n’était pas capable de fournir ce qu’il avait promis ».
Les moteurs devant équiper l’engin prévu à Austerlitz ont dû être renvoyés aux Etats-Unis afin d’être contrôlés. « Ils vont revenir la semaine prochaine, mais pas à temps pour faire les vols depuis la barge » avant la fin des Jeux, a précisé M. Hoke.
« On est un peu déçus, mais en tout cas on avait dit qu’on ne ferait aucun accommodement avec la sécurité », a ajouté M. Arkwright.
Dans sa version actuelle, l’aéronef à deux places, dont celle du pilote, est équipé de batteries alimentant 18 rotors disposés en couronne au-dessus du cockpit, et s’avère bien plus silencieux qu’un hélicoptère selon son constructeur.
Le ministère des Transports et ADP ont préféré insister ces derniers mois sur l’utilité de ces engins – dans de futures versions plus grandes – pour effectuer des évacuations sanitaires ou des transports d’organes, plutôt que de parler de « taxis volants » associés à un mode de déplacement pour les plus riches.
De fait, ce projet a rencontré l’hostilité des élus municipaux de Paris, de la majorité comme de l’opposition. La mairie, parlant d’une « aberration écologique », avait même contesté en justice l’arrêté publié le 9 juillet par le ministère des Transports et autorisant la création de l’« hélistation » d’Austerlitz.
Le 24 juillet, le Conseil d’Etat saisi en référé avait donné tort à la municipalité, en attendant une décision sur le fond censée intervenir à l’automne. Selon l’arrêté du ministère, l’autorisation d’exploitation de la plateforme court jusqu’au 31 décembre « au plus tard ».