L’écrivain Hend Sadi revient dans cet entretien express à Diasporadz sur le refus du Chef de daïra de Sidi Aïch (Béjaïa) d’autoriser sa conférence sur Mouloud Mammeri qui devait se tenir le vendredi 26 avril.
L’interdiction de la conférence sur Mouloud Mammeri relève d’une « gestion sécuritaire » qui « a produit une société coincée entre démobilisation et terreur », estime l’écrivain Hend Sadi.
Entretien réalisé par Syphax A. M.
Diasporadz : Qu’est-ce qui a pu motiver la décision du Chef de daïra de ne pas autoriser votre conférence ?
Hend Sadi : La décision écrite du Chef de daïra n’est pas motivée. On en est donc réduit aux spéculations habituelles sur lesquelles je ne m’étendrai pas. Peut-être en saurons-nous davantage à l’audience fixée le 21 mai prochain du Tribunal Administratif de Bgayet (Béjaïa, ndlr) qui a été saisi par les organisateurs de la conférence interdite ?
N’y a-t-il pas eu déjà un incident de ce genre lors de l’une de vos conférences à Sidi Aïch ?
Hend Sadi : Par le passé, j’ai déjà reçu des invitations qui n’ont pas abouti. Mais les démarches précédentes n’ont pas été aussi formalisées que la dernière.
En particulier, c’est la première fois que, me concernant, je dispose d’un refus écrit.
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Quelle est justement la situation des espaces de débat culturel et littéraire en Algérie et en Kabylie et comment peut-on interdire la parole sur Mouloud Mammeri 50 ans après lui avoir interdit la parole à Tizi Ouzou ?
Hend Sadi : Dans un premier temps, le pouvoir a rogné sur les libertés acquises après 1980 en remettant en selle, par exemple, la pratique des autorisations préalables à toute manifestation.
Puis, ébranlé par le soulèvement de février 2019, il s’est lancé dans une répression étendue en agitant – voire en entretenant – en Kabylie en particulier des menaces plus virtuelles que réelles pour « légitimer » son action.
Cette gestion sécuritaire sur fonds de faillite généralisée du pays a produit une société coincée entre démobilisation et terreur. C’est ainsi que le pouvoir est parvenu à empêcher les marches annuelles du 20 avril à l’intérieur du pays.
Aussi, encouragés par ces résultats, certains semblent tentés de croire venu le moment d’abattre les symboles qu’ils ne peuvent domestiquer. Ce cynisme est gros de dangers…
S. A. M.