Le Royaume-Uni a un nouveau Premier ministre : Keir Starmer a été formellement missionné ce vendredi 5 juillet par le roi Charles III pour former un nouveau gouvernement, après la victoire écrasante des travaillistes aux élections législatives.
C’est la première fois depuis 2010 que le Labour (centre-gauche) va diriger le pays, après 14 ans de gouvernements conservateurs et une succession de crises : austérité, Brexit, envolée des prix ou encore valse des Premiers ministres.
Comme de coutume, le palais de Buckingham a publié une photo du souverain recevant le nouveau chef de gouvernement.
Après avoir quitté le palais de Buckingham, Keir Starmer, ancien avocat de 61 ans, doit prononcer devant la porte du 10 Downing Street ses premiers mots de Premier ministre.
Un peu plus tôt dans la matinée, son prédécesseur Rishi Sunak, 44 ans a fait le chemin inverse pour aller présenter sa démission au souverain.
Dans son dernier discours en tant que Premier ministre, il s’est dit « désolé » auprès des Britanniques. « Vous avez envoyé le signal clair que le gouvernement du Royaume-Uni doit changer, et votre jugement est le seul qui compte », a-t-il déclaré, endossant la responsabilité de cet échec et annonçant sa démission prochaine de la tête du parti conservateur.
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Parmi les premiers rendez-vous qui attendent Keir Starmer, le sommet du 75e anniversaire de l’Otan la semaine prochaine à Washington.
« Le changement commence maintenant », a-t-il déclaré à l’aube, réitérant sa promesse de « renouveau national ». « Je ne vous promets pas que ce sera facile. Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour changer un pays. Cela demande un travail difficile », « patient », « déterminé », a-t-il dit.
Selon les résultats quasi-complets, le Labour a décroché 412 sièges, bien au-delà du seuil des 326 pour obtenir la majorité absolue à la Chambre des Communes et pouvoir gouverner seul. C’est juste en deçà du score historique de Tony Blair en 1997 (418).
Le parti conservateur ressort avec son pire résultat depuis le début du XXe siècle : 121 députés élus, contre 365 il y a cinq ans sous Boris Johnson.
Plusieurs poids lourds du parti conservateur ont été emportés par une vague de rejet. Parmi eux, l’ancienne Première ministre Liz Truss et les ministres de la Défense Grant Shapps ainsi que des Relations avec le Parlement Penny Mordaunt qui était vue comme une possible future cheffe de parti.
Des « choix difficiles » à faire pour le nouveau Premier ministre Kair Starmer
Keir Starmer le sait : les Britanniques l’attendent au tournant.
Après « ces derniers mois et années difficiles », Ramsey Sargent, 49 ans, a hâte « de voir ce qui va se passer ». « Il y a une pression énorme sur le nouveau Premier ministre », souligne auprès de l’AFP cette femme de 49 ans.
Abdul Muqtvar, 40 ans, juge quant à lui que « la politique britannique n’a pas fait le moindre progrès depuis une dizaine d’années », « ce sera intéressant de voir comment le Labour s’en sort ». « S’ils n’y arrivent pas, je pense que nous aurons un nouveau changement de gouvernement aux prochaines élections ».
Tout au long de la campagne, Keir Starmer, entré en politique il y a seulement neuf ans, a promis le retour de la « stabilité » et du « sérieux », avec une gestion des dépenses publiques très rigoureuse.
Le futur gouvernement devra faire « des choix difficiles » face à « l’ampleur du défi », a prévenu Rachel Reeves, amenée à devenir ministre des Finances, une première pour une femme au Royaume-Uni.
Keir Starmer promet de transformer le pays comme il a redressé, sans états d’âme, le Labour après avoir succédé au très à gauche Jeremy Corbyn en 2020, recentrant le parti sur le plan économique et luttant contre l’antisémitisme.
Il assure vouloir relancer la croissance, redresser les services publics, renforcer les droits des travailleurs, réduire l’immigration et rapprocher le Royaume-Uni de l’Union européenne – sans revenir sur le Brexit, sujet tabou de la campagne.
Après la victoire de son parti, il a reçu les félicitations du président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour qui les deux pays seraient alliés « contre vents et marées ».
Le président français Emmanuel Macron a également congratulé Keir Starmer, après leur « premier échange ». « Nous allons poursuivre le travail (…) pour notre coopération bilatérale, pour la paix et la sécurité de l’Europe, pour le climat et l’IA », a écrit sur X M. Macron.
Droite dure
Dans ce Parlement totalement redessiné, les libéraux-démocrates (centristes) redeviennent la troisième force, avec 71 députés.
Bouleversement de taille, le parti anti-immigration et anti-système Reform UK fait son entrée au Parlement avec quatre sièges. Son chef, la figure de la droite dure Nigel Farage, devient député à sa huitième tentative.
L’ancien héraut du Brexit a salué le début d’une « révolte contre l’ »establishment » ».
En Ecosse, les indépendantistes du Scottish National Party subissent un sérieux revers : ils n’emportent que neuf des 57 circonscriptions.
Les Verts remportent quatre sièges, contre un seul auparavant, dans une Chambre des Communes qui comptera un nombre record d’au moins 261 femmes, contre 220 en 2019.