Une enquête a été ouverte après la plainte pour cyberharcèlement aggravé déposée par la boxeuse algérienne Imane Khelif, médaillée d’or aux JO-2024 de Paris, qui a été victime d’une polémique sur son genre dès la fin de son premier combat.
Suite à la plainte déposée par Imane Khelif, une enquête a été ouverte mardi 13 août par le Pôle national de lutte contre la haine en ligne pour « cyberharcèlement en raison du genre, injure publique en raison du genre, provocation publique à la discrimination et injure publique en raison de l’origine », a indiqué ce mercredi 14 août le parquet de Paris, sollicité par l’AFP.
Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine.
« Tout juste médaillée d’or aux JO de Paris 2024, la boxeuse Imane Khelif a décidé de mener un nouveau combat : celui de la justice, de la dignité et de l’honneur », avait écrit dans un communiqué samedi son avocat Nabil Boudi, annonçant avoir déposé une plainte la veille.
Le parquet a confirmé avoir reçu cette plainte lundi.
« L’enquête pénale déterminera qui a été à l’initiative de cette campagne misogyne, raciste et sexiste mais devra aussi s’intéresser à celles et ceux qui ont alimenté ce lynchage numérique », avait ajouté l’avocat.
Selon le magazine américain Variety, le milliardaire Elon Musk, propriétaire du réseau social X, et l’autrice de la saga des Harry Potter, JK Rowling, connue pour ses positions controversées, sont cités dans la plainte.
Selon l’avocat, « le harcèlement inique subi par la championne de boxe restera la plus grosse tache de ces Jeux olympiques ». Me Boudi n’était pas joignable dans l’immédiat.
« Une femme comme les autres »
Imane Khelif, âgée de 25 ans, a remporté la finale des -66 kg le 9 août.
Lors des Jeux de Tokyo, à l’été 2021, sa participation n’avait suscité aucune controverse.
La polémique sur son genre, menée par les milieux conservateurs, trouve son origine dans son exclusion, comme la Taïwanaise Lin Yu-ting, des championnats du monde à New Delhi en mars 2023.
Selon la Fédération internationale de boxe (IBA), Imane Khelif avait échoué à un test destiné à établir son genre. Non reconnue par le monde olympique, l’IBA a refusé de préciser quel type de test avait été pratiqué.
Le Comité international olympique avait, lui, estimé qu’elle pouvait participer aux Jeux dans le tournoi féminin.
Après l’abandon de leur combat, dès la première minute, de son adversaire au premier tour, l’Italienne Angela Carini, la boxeuse algérienne a été victime sur les réseaux sociaux d’une campagne de haine et de désinformation, empreinte de racisme. Elle a notamment été présentée comme un « homme combattant des femmes ».
« Je suis une femme forte avec des pouvoirs spéciaux. Depuis le ring, j’ai envoyé un message à ceux qui étaient contre moi », avait déclaré Imane Khelif aux médias après sa victoire. « J’ai fait l’objet d’attaques et d’une campagne féroce et c’est la plus belle réponse que je puisse donner. La réponse a toujours été sur le ring », avait-elle ajouté.
« Je suis pleinement éligible pour participer, je suis une femme comme les autres. Je suis née femme, j’ai vécu en tant que femme et j’ai concouru en tant que femme », avait insisté la championne olympique.
Les athlètes algériens, dont les médaillés Imane Khelif, la gymnaste franco-algérienne Kaylia Nemour et le coureur de demi-fond Djamel Sedjati, ont reçu un accueil triomphal lundi à leur retour à Alger.
La boxeuse médaillée d’or a tenu à « remercier le peuple algérien qui (l)’a soutenue dans cette épreuve et (lui) a donné de la force » face à une « campagne acharnée ».