« Casser de l’Algérie » semble être le nouveau crédo de Xavier Driencourt, l’ancien «diplomate» français à Alger, qui multiplie les sorties médiatiques peu diplomatiques.
Dès l’annonce de la visite officielle en France du président algérien Abdelmadjid Tebboune, Xavier Driencourt se lance en campagne pour dire tout le mal qu’il pense de l’Algérie.
Il a livré cette semaine, en l’espace de deux jours, deux entretiens. Un pour un site marocain anti-algérien et un autre pour Radio Sud, un média français complotiste et droitier.
Tout a commencé le 11 mars, lorsqu’un communiqué de la présidence algérienne annonçait que « Abdelmadjid Tebboune a reçu un appel téléphonique de son homologue français, Emmanuel Macron ».
« Les deux présidents ont, enfin, convenu, de la visite officielle du président de la République en France, qui aura lieu à la fin septembre, début octobre, la date officielle de la visite devant être fixée ultérieurement », précisait le communiqué.
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Le même jour, le 11 mars, Xavier Driencourt part en croisade et livre au média marocain 360 un entretien « exclusif » titré « L’Algérie trouvera toujours un bouc émissaire à ses difficultés ».
Epouvanté par l’échange téléphonique entre Macron et Tebboune, l’ancien «diplomate» tente de peser de tout son poids pour empêcher tout éventuel rapprochement entre les deux pays.
« Du côté français, beaucoup de gestes et de concessions ont été faits, mais du côté algérien, à chaque fois, on met la barre plus haut. Une tactique bien rodée », accuse le diplomate français.
Un jeu sournois
Pour empoisonner un peu mieux les relations algéro-françaises, Xavier Driencourt implique directement le président Macron dans sa virulente diatribe contre l’Algérie.
«Vous avez en Algérie un système politico-militaire, pour reprendre l’expression utilisée par le président Macron, dans lequel l’armée, l’ANP, est la véritable colonne vertébrale», déclare Xavier Driencourt comme pour mettre en avant le président français.
L’on se rappelle que la Présidence de la République algérienne avait à cette occasion rappelé son ambassadeur pour dénoncer des « propos irresponsables » prêtés à Emmanuel Macron et exprimer son « rejet de toute ingérence dans ses affaires intérieures ».
Un peu plus loin dans l’entretien, le diplomate s’en lave les mains «personnellement», comme pour prendre ses distances vis-à-vis des déclarations de Macron. Car à la question de savoir s’il partageait l’idée que «l’Algérie est dirigée à 100% par une «junte militaire»», Xavier Driencourt répond : «Non, l’Algérie n’est pas, en tout cas c’est mon sentiment, dirigée à 100% par l’ANP.»
En revanche, pour enfoncer le clou, Xavier Driencourt estime préférable de ne pas répondre à une question concernant sa sécurité durant les sept années qu’il a passé en Algérie !
A la question sournoise et trop peu sérieuse du journaliste : «Avez-vous déjà craint pour votre vie là-bas (en Algérie, ndlr) ?», Xavier Driencourt répond : «Question sensible à laquelle il est préférable de ne pas répondre» !
Fier d’alimenter l’extrême droite
Xavier Driencourt se félicite en outre d’avoir réussi sa campagne contre l’Algérie en mobilisant la droite et l’extrême droite pour abroger les accords franco-algériens de 1968 qui accorderait un statut favorable aux immigrés algériens.
«La note de la Fondapol sur la nécessité de revoir ou d’abroger l’accord de 1968, en mai dernier, a été reprise par une bonne partie de la classe politique française, du RN (Rassemblement national, ndlr) à Édouard Philippe, en passant par Éric Zemmour, Nicolas Sarkozy, Éric Ciotti, Gérard Larcher, etc.», se félicite Xavier Driencourt.
Xavier Driencourt se montre un peu déçu que « le ministre de l’Intérieur n’a pas souhaité reprendre l’idée », mais est tout de même satisfait du boulot fait. « Indiscutablement, la question est désormais sur la table », se satisfait l’ancien diplomate.
Sans le moindre respect au droit international et le droit des peuples à l’autodétermination, Xavier Driencourt fait de la question du Sahara occidental une question d’ «intérêt» !
«Il n’y a guère aujourd’hui que l’Algérie qui s’intéresse encore à cette question (le Sahara occidental, ndlr)», estime sans réserve aucune l’ancien diplomate.
S. A.