Cet article se révèle ambitieux, cherchant à embrasser pas moins de six siècles de pouvoir des berbères en seulement quelques pages, débutant avec l’époque de Jugurtha jusqu’à la chute de l’Empire romain d’Occident en 476.
Avant d’entrer dans le cœur du sujet, il est pertinent de revenir brièvement sur les grandes phases historiques des Massaesyles et des Massyles. Commençons par Syphax, roi des Massaesyles, qui, en s’alliant politiquement aux phéniciens et épousant Sophonisbe, a conquis en 206 av. JC les terres des Massyles, mettant ainsi fin au règne du roi Gaia, chef des Massyles dont le territoire s’étendait du grand est algérien à une bonne partie de l’occidentale de la Tunisie actuelle.
Massinissa, fils de Gaia devenu un allié des romains, a reconquis en 213 les terres des Massyles à Syphax, qui fut capturé et envoyé à Rome où il trouva la mort. Sous l’autorité des Romains, Massinissa unifia la Numidie, formant ainsi un royaume qui englobait presque tout le Maghreb. Micipsa succéda à Massinissa.
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Plus tard, un trio au pouvoir se forma, composé des deux frères d’Adherbal, Hiempsal, et de leur cousin Jugurtha, imposé à Micipsa par les Romains, notamment le général Emilien Scipion. Hiempsal fut tué, et l’ambitieux Jugurtha s’empara de toute la Numidie, de la Moulouya à Tunis.
Le récit de ces événements nous est parvenu grâce à Salluste, dont l’œuvre intitulée « La Guerre de Jugurtha » constitue une source précieuse. Toutefois, il convient de manipuler cette source avec précaution, car Salluste, né en 86 av. JC et mort en 35 av. JC, était d’abord un soldat et un sénateur romain avant de devenir historien. Son récit reflète ainsi le point de vue d’un Romain, et il est probable que l’histoire de Jugurtha aurait été différente si elle avait été écrite par l’un de ses généraux. Malgré cela, le livre de Salluste reste une ressource inestimable pour les historiens modernes, offrant une mine d’informations sur cette période tumultueuse.
Cette étude se divise en trois parties. La première abordera la prise de pouvoir de Jugurtha. La deuxième partie sera consacrée à la longue domination romaine sur l’Afrique du Nord et les révoltes qui en découlent.
Enfin, la troisième partie traitera de la chute de l’Empire romain d’Occident en 476, et l’arrivée des Vandales, peuple germanique, ainsi que des Byzantins, représentant la partie orientale de l’Empire romain. Cette dernière phase de l’histoire fut, tout comme les précédentes, jalonnée de révoltes et de volonté d’émancipation de nombreux chefs berbères.
Jugurtha, le roi qui refusa l’autorité romaine
Jugurtha, né en 160 av. J.-C. à Cirta et mort en 104 av. J.-C., fut un personnage emblématique de l’histoire de l’Afrique du Nord antique, se distinguant par son opposition résolue à la puissance romaine entre 112 et 105 av. J.-C. Son histoire, principalement transmise par l’historien romain Salluste dans son œuvre « La Guerre de Jugurtha », nous éclaire sur un homme de grande beauté, d’intelligence et de ruse, capable d’exploiter les faiblesses de ses adversaires à son avantage.
Ces qualités lui permirent de s’intégrer au sein de l’état-major de l’armée romaine lors de la campagne contre Numancia en Espagne vers 134 av. J.-C., où il sut gagner l’amitié et le soutien de figures clés.Fils de Mastanabal et d’une esclave concubine, Jugurtha était marqué par une certaine illégitimité aux yeux de la noblesse numide.
Cependant, sa compréhension précoce des dynamiques de pouvoir et sa capacité à nouer des alliances stratégiques avec les Romains lui permirent de se positionner comme un prétendant sérieux au trône. Malgré les réticences de son oncle Micipsa, qui craignait ses ambitions, Jugurtha parvint à se faire une place au sein de la cour royale numide, profitant de l’appui tacite de Rome qui, paradoxalement, souhaitait éviter l’émergence d’un pouvoir numide unifié.
Ambitieux et visionnaire, Jugurtha aspirait à libérer la Numidie de l’influence romaine et à unifier le royaume sous son autorité, loin de toute vassalité. Son refus de se soumettre à Rome marqua le début d’un conflit ouvert qui le vit s’opposer avec audace à l’une des plus grandes puissances de l’époque. Malgré les efforts de Rome, qui lança plusieurs expéditions militaires contre lui sous la direction de figures telles que le consul Bestia et le prince du Sénat Scaurus, Jugurtha parvint à tenir tête à ses adversaires pendant plusieurs années grâce à ses compétences stratégiques et à sa connaissance approfondie du terrain.
Jugurtha, avec une compréhension aiguisée des us et coutumes de la noblesse romaine, initia des négociations avec le consul Bestia dès son arrivée sur le sol numide. Ces discussions aboutirent à une paix, scellée par des échanges d’argent et de troupeaux en faveur du consul.
Selon Salluste, Jugurtha aurait corrompu les Romains, mais il serait plus juste de dire qu’il a su habilement exploiter une corruption déjà présente au sein de la noblesse romaine. Son ambition était de bâtir un royaume solide, tandis que les motivations romaines penchaient davantage vers l’accumulation de richesses.
L’affaire de corruption éclata au grand jour, obligeant Bestia à se justifier devant le Sénat romain, où il fut finalement condamné. Cette saga fit grand bruit, suscitant chez certains sénateurs le désir d’entendre Jugurtha lui-même. Sans hésitation, celui-ci se rendit à Rome, où sa présence incommoda profondément la noblesse. Avant de quitter la ville, il aurait prononcé ces mots désormais célèbres : « Ville à vendre et condamnée à périr, si elle trouve un acheteur », témoignant ainsi de son mépris pour la corruption romaine.
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La suite des événements vit l’arrivée au pouvoir d’un nouveau consul, Albinus (Spurius Postimius Albinus), déterminé à en finir avec Jugurtha. Cependant, ce dernier réussit à le mener également à la table des négociations, discréditant ainsi Albinus qui fut remplacé par son frère Aulus.
Ce dernier, quittant la Numidie en hiver 109 av. J.-C. sans avoir atteint son objectif, laissa sa place au printemps suivant à Quintus Caecilius Metellus, qui prit la tête des campagnes numides avec son compagnon, le rustique Caius Marius. Metellus, au départ impitoyable dans ses campagnes en Tunisie, subit une cuisante défaite à Vaga (Baja en Tunisie) au début de l’année 108 av. J.-C. Néanmoins, il parvint à regrouper ses forces et à célébrer une victoire à Cirta la même année.
Face à ces difficultés, Jugurtha chercha à élargir son cercle d’alliances. Il se tourna vers les Gétules, peuple berbère de la bande saharienne, qui, malgré leur appartenance ethnique commune, négocièrent leur soutien au plus offrant. Il sollicita également l’aide de son beau-père, le roi de Maurétanie, Bocchus Ier, dans l’espoir de renforcer sa position contre Rome. La saga de Jugurtha, tissée d’ambition, de stratégie et d’alliances complexes, demeure un témoignage éloquent de la résilience et de la perspicacité politiques dans l’antiquité.
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Metellus ayant quitté Rome, la place fut prise par Gaius Marius, un homme issu de la plèbe plutôt que de l’aristocratie. À ses côtés, il avait pour questeur Lucius Cornelius Sulla (Sylla), magistrat responsable des finances publiques de l’Empire. Dès son arrivée au pouvoir, Marius opta pour une stratégie visant à affaiblir Jugurtha en exploitant Gauda, le frère moins apte de ce dernier. Il lança par la suite une grande campagne de recrutement de mercenaires.
En l’an 107 av. J.-C., il mit à feu et à sang la ville de Gapsa (l’actuelle Gafsa), massacrant ses habitants. L’année suivante, il pénétra dans les territoires des Massaesyles, correspondant à l’ouest de l’Algérie et à l’est du Maroc actuels. Les Romains rencontrèrent une résistance farouche de la part de Jugurtha, qui les mit en difficulté.
Face à ces échecs militaires, ils firent preuve de ruse pour renverser le roi numide. Après plusieurs affrontements qui épuisèrent les forces romaines, Gaius Marius confia à Sylla, son questeur, la mission de négocier avec les émissaires de Bocchus Ier. Par la corruption des conseillers mauritaniens, Sylla réussit à convaincre le roi de s’allier aux Romains.
En -105 av. J.-C., Jugurtha fut trahi par Bocchus, son beau-père et jusqu’alors son allié, qui le livra à Sylla dans un piège. Le royaume de Numidie fut alors partagé : sa partie occidentale fut octroyée à Bocchus, roi de Maurétanie, qui reçut le titre d’« ami de Rome », tandis que le reste fut gouverné par un roi vassal des Romains.
Gauda prit le contrôle de l’est de la Numidie, région également connue sous le nom de Constantinois, en tant qu’allié privilégié de Rome. Jugurtha trouva la mort en 104 av. J.-C. dans la prison Tullianum à Rome, aujourd’hui située sous l’église San Giuseppe dei Falegnami, près de la Piazza Venezia. Il serait judicieux pour les Berbères de solliciter auprès des autorités romaines l’installation d’une plaque commémorative en l’honneur de ce grand chef berbère à cet emplacement historique.
Jugurtha portait en lui le fardeau de son origine, né d’une mère esclave, un stigmate que son entourage avait rapidement perçu. Cette condition l’a poussé à développer une profonde compréhension de la nature humaine, lui octroyant la capacité de discerner et d’exploiter les vulnérabilités humaines pour parvenir à ses fins.
Grâce à cette aptitude remarquable, Jugurtha a réussi à réintégrer les sphères du pouvoir desquelles Micipsa l’avait évincé. Il était également mû par une vision particulière de la liberté, qui semblait être le reflet de ses propres déceptions.
Par ailleurs, son ambition se distinguait de celle de Massinissa ; il aspirait à la création d’un royaume berbère pleinement souverain, affranchi de toute sujétion.
La domination romaine s’installe sur l’Afrique du nord
Après la mort de Jugurtha, le nord de l’Afrique fut plongé dans une ère de division territoriale. En récompense de sa trahison en 106 av. J.-C., Bocchus Ier se vit octroyer le règne sur une Maurétanie unifiée, s’étirant de part et d’autre du fleuve Moulouya, embrassant les territoires de l’Atlantique à l’ouest de l’Algérie et une portion du centre algérien.
La région des Massaessyles fut ainsi absorbée par la Maurétanie. Gauda, issu de la lignée des Massyles et demi-frère renommé de Jugurtha, fut intronisé par les Romains en 105 av. J.-C. comme souverain de la Numidie, régnant sur les terres du constantinois et de la Tunisie jusqu’à son décès en -88 av. J.-C.
À sa mort, son fils Hiempsal II hérita d’une portion de son royaume, tandis que l’ouest, avec Cirta comme capitale, passa sous le commandement de Massinissa II, dont les origines paternelles étaient enveloppées de mystère, ayant été vraisemblablement adopté par Gauda. Bien qu’accueillant Caius Marius et son fils, adversaires de Sylla, Hiempsal II fut destitué par Hierbas, appuyé par Caius Marius, entre 84 et 82 av. J.-C., illustrant ainsi la fluidité des alliances de l’époque.
Malgré son absence de lien de sang avec la lignée des Massyles, Hierbas marqua de son empreinte l’histoire de la Numidie. En 81 av. J.-C., Sylla envoya le général Pompée pour restaurer Hiempsal II sur le trône, dont le domaine fut agrandi par un traité. Hiempsal II s’éteignit en -60 av. J.-C., laissant le trône à son fils Juba Ier, né à Hippone (actuelle Annaba) en 85 av. J.-C. et décédé en 46 av. J.-C.
La destinée de Juba Ier mérite une considération toute particulière. Fils d’Hiempsal II, il partageait avec le général Pompée, un rival de Jules César, des liens d’amitié profonds, solidifiés au gré des épreuves endurées à Rome. Lors d’un épisode marquant, Jules César, dans un acte d’agression manifeste, lui arracha la barbe lors d’une dispute. La guerre civile romaine de 49 av. J.-C., qui vit s’affronter Pompée et César, fut une période déterminante de leur temps.
Cette époque fut marquée par des affrontements tant politiques que militaires, culminant avec la victoire de César à la bataille de Pharsale en août 48 av. J.-C. Fort du soutien de Bocchus II, fils de Bocchus Ier, César initia une campagne contre le royaume numide par l’ouest et triompha lors de la bataille de Thapsus en 46 av. J.-C., défaite des Optimates, le parti conservateur romain.Juba, absent de cette confrontation, se retira avec ses 30 000 hommes.
À son retour à Cirta, il se heurta aux portes closes de la ville, les habitants ayant promis avant la bataille de ne pas l’accueillir. Devant les remparts, il sollicita en vain la restitution de ses proches. Afin d’échapper à la capture par Jules César, il opta pour un pacte de suicide avec son compère et allié romain, Marcus Petreius, en décidant d’un duel comme ultime recours.
Les récits divergent quant aux détails de leur trépas, mais il est généralement admis que Marcus Petreius fut responsable de la mort de Juba avant de se donner la mort avec l’assistance d’un esclave. Son héritier, Juba II, fut élevé à Rome sous la bienveillance d’Octavie, sœur du futur empereur Auguste, dans une captivité empreinte de noblesse.
À la mort de Bocchus Ier en l’an 80 av. J.-C., le paysage politique de l’Afrique du Nord occidentale se vit partagé entre ses descendants, Bogud et Bocchoris (Bocchus II), qui héritèrent d’un vaste territoire. Bogud prit les rênes de la région à l’ouest de la Moulouya, ce fleuve imposant qui trace une frontière naturelle d’exception. Né de la jonction des massifs du Moyen et du Haut Atlas, le cours d’eau déroule ses méandres sur 600 kilomètres avant de se fondre dans la Méditerranée près de Saïdia, son embouchure se situant non loin de la frontière algéro-marocaine, à seulement 14 kilomètres. Ainsi, Bogud régna sur ce qui allait devenir le Maroc contemporain.
De son côté, Bocchus II étendit son influence sur la zone orientale du Maroc actuel, englobant jusqu’à l’Algérie moderne et la région de l’Oranie. Frères d’armes, Bogud et Bocchus II apportèrent leur soutien à Jules César durant la guerre civile qui vit ce dernier affronter Pompée en 49 av. J.-C. Après l’assassinat de César en 44 av. J.-C., le pouvoir se morcela entre Octave, Marc Antoine et Marcus Aemilius Lepidus, jusqu’à ce qu’Octave, proclamé Auguste en 27 av. J.-C., s’impose finalement. Bocchus II, ayant prêté allégeance à Octave, connut un destin parallèle à celui de son illustre allié.
A la disparition de Bocchus II, Octave, dans un geste de vision stratégique, conféra le trône à Juba II, descendant illustre de la dynastie des Massyles. Son gouvernement se distingua par une sagesse et une ambition notables. Faisant preuve d’une grande retenue, Juba II ne tenta pas d’étendre son royaume à la Maurétanie, honorant les frontières occidentales établies le long de la Moulouya. Son règne fut caractérisé par une diplomatie pragmatique envers Rome, ponctué d’exploits remarquables tant sur la scène politique que culturelle.
Juba II se révéla être un monarque d’une rare érudition, incarnant l’archétype du souverain bâtisseur et savant, se détachant ainsi de l’image du Berbère rebelle souvent véhiculée. Sa dévotion pour le savoir et ses contributions exceptionnelles dans les champs de l’histoire, de la géographie et de la recherche scientifique en firent une des figures les plus remarquables de son temps.
A sa mort, son fils Ptolémée prit sa succession, mais leur statut de protectorat sous l’égide romaine ne les sauvegarda pas des ambitions mortifères de l’empereur Caligula, qui mit fin de manière tragique à leur lignée.
À l’approche du crépuscule du règne de Juba II, le paysage politique et social fut marquée par l’émergence de la révolte menée par Tacfarinas, une période de troubles qui s’étira sur sept ans, de 17 à 24 après J.-C.
Mais qui était donc Tacfarinas ? Natif de Thagaste, au sud de Souk Ahras, berceau également de Saint Augustin, Tacfarinas rencontra son destin en 24 après J.-C. à Pomaria, aujourd’hui Tlemcen, un an avant la disparition de Juba II. Les motifs ayant conduit à la révolte de Tacfarinas, qui parvint à rallier de nombreux clans à sa cause, sont fréquemment liés à la décision des Romains de restreindre l’accès des Berbères du sud aux riches pâturages du nord. Il est également plausible de considérer un profond sentiment de lassitude face à l’hégémonie romaine, personnifiée par Juba II, qui semblait demeurer impassible face aux revendications des peuples autochtones.
Tacite, l’éminent historien et sénateur romain, nous livre un témoignage précieux sur Tacfarinas dans ses écrits : « Cette même année (en 17), la guerre commença en Afrique. Les insurgés avaient pour chef un Numide, nommé Tacfarinas, qui avait servi comme auxiliaire dans les troupes romaines et avait ensuite déserté. Il rassembla d’abord quelques bandes de brigands et de vagabonds qu’il mena au pillage; puis il parvint à les organiser en infanterie et cavalerie régulières. Bientôt, de chefs de bandits, il devint général des Musulames, un nom latinisé. »
Bien que Tacite soit parfois critiqué pour son manque d’objectivité, notamment en raison de son appartenance au monde romain, son récit offre une perspective captivante sur les événements de cette époque. Durant le IIe siècle, l’Afrique du Nord se trouvait en grande partie sous le joug romain, malgré l’existence de quelques foyers de résistance.
Les révoltes menées par Aedemon, ainsi que celles des tribus berbères de la région de Syrte, illustrent les tensions qui prévalaient dans le Nord de l’Afrique sous le joug romain. Les soulèvements d’Aedemon, bien que réprimés avec force par les Romains, eurent des répercussions dramatiques sur des cités telles que Tamuda, Lixus et Volubilis.
À l’orée du IIe siècle, l’ère des royaumes berbères indépendants touchait à sa fin, laissant place à des tribus soit intégrées au sein de l’empire romain, adoptant en partie ses coutumes, soit se réfugiant dans les montagnes pour préserver leur autonomie face à l’expansion romaine.
En Maurétanie, cette période vit l’émergence de deux entités politiques distinctes : la Maurétanie Tingitane à l’ouest et la Maurétanie Césarienne (Cherchell) au centre, toutes deux placées sous l’égide romaine. L’est de l’Algérie et la Tunisie, quant à eux, étaient administrés par des proconsuls romains. La Numidie connut un développement démographique notable, marqué par l’installation de vétérans romains à Sitifis (Sétif) et Cuicul (Djémila).
En revanche, la présence romaine en Maurétanie Tingitane était moins marquée, se concentrant principalement sur les zones de plaine et s’appuyant sur certaines tribus berbères comme intermédiaires. Les tribus tampons, mentionnées par les historiens romains – parmi lesquelles les Macénites, les Baquates et les Zegrenses – jouaient un rôle de protecteurs, faisant le lien entre les autorités romaines et les autres tribus berbères. Bon nombre de membres de ces tribus s’assimilèrent progressivement à la culture romaine, accédant même à la citoyenneté romaine. Des villes comme Volubilis, Tingi, Zilis et Banasa connurent une romanisation précoce, dès le début du Ier siècle sous l’empereur Auguste.
Le troisième siècle, la révolte de Faraoucen
Au cœur du troisième siècle, le processus de romanisation qui s’opérait au sein des communautés berbères d’Afrique du Nord se déroulait parallèlement à une série de soulèvements qui vinrent ébranler les fondations de l’Empire romain. Ces insurrections, révélatrices des tensions sous-jacentes, mirent à l’épreuve la résilience de l’édifice impérial, malgré les efforts soutenus de romanisation.
Parmi les révoltes les plus marquantes de l’époque, l’on note celle survenue entre 253 et 254 aux alentours de Sitifis, embrasant presque toute la Maurétanie Césarienne. Ce soulèvement fut dirigé par un chef berbère du nom de Faraxen ou Faraoucen, originaire de ce qui est aujourd’hui la Kabylie.
Face à cette rébellion, Rome se vit contrainte de remobiliser la 3ème légion, alors dissoute, révélant par là même des fissures dans le pouvoir central romain. De même, les régions s’étendant des Babors, de Bejaïa à Sétif en Algérie, y compris les territoires kabyles, furent le théâtre de résistances répétées contre l’autorité romaine.
Malgré les tumultes et les défis de l’époque, l’influence romaine sur l’Afrique du Nord ne se dissipa pas de manière homogène. Tandis que certaines régions, telles que la Numidie et l’est de la Maurétanie Césarienne, se plongeaient encore plus profondément dans l’étreinte de Rome, adoptant avec ferveur ses traditions et son mode de vie, la Maurétanie Tingitane, à l’ouest, commençait à présenter des signes précurseurs d’un déclin imminent.
Cette période fut caractérisée par une diminution notable de sa population, un ralentissement des dynamiques commerciales et l’abandon progressif de métropoles jadis prospères, telles que Volubilis. Cette dualité reflète la complexité des rapports entre les populations autochtones et le pouvoir administratif romain, oscillant entre assimilation et résistance, et tissant ainsi l’intrigue d’une histoire nord-africaine riche et nuancée.
Au sein du tissu complexe de l’histoire nord-africaine, le troisième siècle se distingue par l’aube d’une christianisation progressive des peuples, un phénomène qui s’est manifesté avec une intensité particulière en Numidie et dans l’orient de la Maurétanie Césarienne. En contraste, la Maurétanie Tingitane, située à l’ouest, semblait demeurer en marge de cette transformation spirituelle.
Curieusement, à l’approche de la fin de ce siècle, cette région vit son lien administratif avec Rome s’affaiblir, passant sous la tutelle de l’Espagne romaine, et se trouvant ainsi privée de gouverneur romain. Il est important de souligner que le phénomène de christianisation n’était pas une nouveauté absolue au troisième siècle ; dès le deuxième siècle, l’écho de l’évangélisation résonnait déjà parmi les communautés berbères romanisées des cités, un fait attesté par Tertullien, érudit berbère latinisé.
Néanmoins, l’implantation du christianisme ne fut pas sans heurts, se heurtant parfois à la résistance liée à l’attachement ancestral des Berbères aux divinités puniques et romaines. Les conversions se déroulaient souvent de manière collective, orchestrées par les chefs tribaux dont les choix exerçaient une influence capitale sur le devenir spirituel de leur communauté.
Cette évolution religieuse, quoique graduelle, constitue un jalon marquant dans le parcours religieux et culturel du Nord de l’Afrique, soulignant une fois de plus la profondeur et la diversité des interactions entre les mondes romain et berbère.
Le quatrième siècle, la révolte des circoncellions
Au seuil du quatrième siècle, la Pax Romana, bien que considérée comme fragile par l’historien Charles André Julien, semblait une fois de plus s’étendre sur la Berbérie. Dans une quête pour stabiliser la région, l’empereur Dioclétien, dont le règne s’étendit jusqu’en 305, initia une réforme administrative ambitieuse.
Il subdivisa les terres berbères en quatre à huit provinces, une stratégie visant à améliorer le contrôle impérial et à faciliter la gestion des rébellions. Cette réorganisation toucha particulièrement la Numidie, joyau de l’Afrique du Nord romaine, en la scindant en deux parties distinctes.
Toutefois, cette initiative fut de courte durée, car l’empereur Constantin, montant sur le trône en 312 et unifiant sous son sceptre l’ensemble de l’empire romain, révoqua cette mesure.
Constantin, dont le nom reste gravé dans l’histoire pour avoir élevé le christianisme au rang de religion officielle de Rome, a également laissé une empreinte indélébile sur le sol berbère en rebaptisant Cirta en Constantine.
Dans ce contexte de manœuvres politiques romaines, la société berbère se révélait hétérogène : elle comprenait des citoyens romains pleinement romanisés et résidant dans les agglomérations, des tribus alliées à Rome, ainsi que des groupes vivant en périphérie de l’influence romaine, bien qu’incapables de contester sérieusement sa suprématie.
L’ascension de Constantin marqua initialement un moment difficile pour les adeptes du donatisme parmi les Berbères. Ce mouvement, perçu comme un schisme religieux, promouvait une rigueur implacable envers ceux qui avaient abjuré leur foi face à la persécution, attirant de ce fait l’adhésion de nombreuses tribus berbères.
Cependant, en 321, dans un geste visant à apaiser les tensions nées des persécutions antérieures, Constantin opta pour une politique de tolérance à l’égard du donatisme. Cette décision illustre la complexité des interactions entre le pouvoir impérial et les dynamiques religieuses et sociales au sein de la Berbérie, témoignant de la capacité d’adaptation et de résilience de ces peuples face aux changements historiques majeurs.
Au cœur du quatrième siècle, la révolte des Circoncellions émergea comme un cri de résistance des saisonniers berbères, confrontés à l’exploitation et à l’injustice de la part des propriétaires fonciers et des fonctionnaires romains. Cette insurrection s’inscrivait dans une quête de justice sociale, écho d’un sentiment de révolte qui, plus tard, inspirerait également la lutte chiite contre les privilèges de la classe dirigeante, portée par l’élan du donatisme.
Cette aspiration à l’équité trouve un parallèle dans la rébellion des Berbères au huitième siècle, qui embrassèrent le chiisme sous toutes ses formes pour contester l’autorité centrale omeyyade basée à Damas.
L’épisode de la révolte de Firmus en 372, tel que narré par l’historien Ammien Marcellin, est emblématique de cette résistance berbère à l’ordre établi. Issu de la tribu romanisée et chrétienne donatiste des Nubel, Firmus nourrissait l’ambition de fonder un royaume berbère souverain.
Toutefois, ses rêves furent brisés par l’intervention de son frère Gildon, qui prit le parti de Rome, mettant ainsi un terme à ses aspirations. Cette rivalité fraternelle, loin d’être un phénomène isolé, trouve un écho dans l’histoire de Gildon lui-même, qui fut finalement vaincu par l’armée romaine sous le commandement d’un autre de ses frères, Mascezel, en 398.
Cette période agitée de l’histoire berbère met en lumière les entrelacements complexes de loyautés, d’ambitions et de convictions religieuses, illustrant la richesse et la complexité des interactions entre les Berbères, l’Empire romain et les dynamiques politico-religieuses de l’époque. Elle témoigne de la persévérance des Berbères dans leur quête d’autonomie et de justice, un fil conducteur qui traverse leur histoire, marquant à la fois leur résilience et leur aspiration à l’indépendance.
Le cinquième siècle, l’arrivée des vandales
Au cours du 5ème siècle, l’arrivée des Vandales en Afrique du Nord a marqué une période importante de l’histoire de la région. Qui étaient ces Vandales ? Originaires d’Europe de l’Est, les Vandales étaient souvent perçus, notamment à l’époque de la Renaissance, comme des barbares pillards, donnant même naissance au terme « vandalisme » pour décrire toute forme de destruction brutale.
Sous la conduite de leur chef, Genséric, les Vandales ont débarqué en Afrique du Nord en 439, traversant le détroit de Gibraltar avec pour objectif de conquérir Carthage, sans s’arrêter au Maroc, alors appelé Tingitane. Leur présence dans la région s’est étendue jusqu’en 534, durant près d’un siècle.
En 430, ils ont assiégé la ville fortifiée d’Hippo Régius, où se trouvait à l’époque une figure éminente de l’Église, l’évêque saint Augustin, originaire de Thagaste (aujourd’hui Souk Ahras en Algérie). Progressivement, les Vandales ont conquis la Maurétanie Sitifensis (Sétif) en 435, puis toute la Numidie jusqu’aux Aurès, devenant ainsi les maîtres de l’est de l’Afrique du Nord, jusqu’à la Libye actuelle.
La Maurétanie Tingitane, quant à elle, ne les intéressait pas. Cependant, les Vandales n’ont pas exercé leur domination sur le Maroc, tout comme les Ottomans et les Byzantins n’ont pas insisté pour rester dans la région du Tingitane. Ainsi, l’histoire des terres marocaines a souvent différé de celle de la Tunisie et de l’Algérie.
Après la mort de Genséric, les relations entre Vandales et Berbères ont évolué. En 484, Masties, un chef berbère des Aurès, proclama son indépendance et contrôla une grande partie de la Tunisie et de la Tripolitaine.
Les Luguatan (louwata), une tribu libyenne dirigée par le chef Gabaon, infligèrent une défaite retentissante aux Vandales sous le règne de Thrasamund. Cette tribu sera par la suite favorable à l’arrivée des armées arabo-musulmanes.
Finalement, la présence vandale en Afrique du Nord, surtout dans sa partie orientale, a eu des répercussions bénéfiques pour les Berbères. Elle a renforcé leur autonomie, favorisé l’émergence de royaumes indépendants, et encouragé les tribus sahariennes à explorer davantage les territoires autrefois interdits par les Romains.
VIe et le VIIe siècle : la chute de l’empire byzantin et l’arrivée des armées arabes
À l’aube du cinquième siècle, les rives de l’Afrique du Nord furent témoins d’un changement de garde significatif, marqué par l’arrivée des forces byzantines en 533. Sous l’égide du général Bélisaire, une armée byzantine imposante prit pied, renversant les défenses érigées par les Vandales et leurs alliés berbères.
Carthage, la cité illustre, capitula, inaugurant ainsi près de deux siècles de domination byzantine sur cette terre riche en histoire. Dès l’année suivante, en 534, l’ordre administratif romain fut réinstauré avec diligence sur des territoires s’étendant de la Tripolitaine à la Numidie, englobant également les deux Maurétanies, redonnant vie aux structures urbaines florissantes de jadis.
Il convient de noter, toutefois, que cette vague d’invasion n’atteignit pas les contrées correspondant au Maroc moderne. La réimposition de la fiscalité sur les populations berbères, après une période de relâche sous l’hégémonie vandale, fut source de frictions. Les Berbères, ayant vu leur emprise et leur autonomie s’accroître durant l’ère vandale, n’étaient guère enclins à renoncer à leurs acquis sans résister.
Les premières années de règne byzantin furent ainsi émaillées de rébellions tenaces, exacerbées par une armée byzantine dont les rangs comptaient des mercenaires, eux-mêmes susceptibles de se retourner contre leurs employeurs en l’absence de rémunération.
Cette transition vers le contrôle byzantin en Afrique du Nord illustre la perpétuelle évolution du paysage politique et social de la région, mettant en lumière la résilience et la détermination des peuples berbères face aux incessants changements d’allégeance et de pouvoir.
Dans la complexité de l’histoire nord-africaine, l’ère byzantine se distingue par sa méconnaissance des dynamiques internes qui animaient les peuples berbères. Les Byzantins, héritiers des Romains, perpétuèrent la tradition de différenciation entre les Berbères sédentaires, intégrés dans l’ossature de l’Empire, et les Maures nomades, évoluant en marge de celui-ci.
Cette vision manichéenne ne leur permit pas de saisir l’ampleur des mutations survenues au sein de la société berbère durant la période vandale, marquée par l’émergence de royaumes berbères indépendants et l’incursion des tribus sahariennes au cœur des territoires impériaux.
Face à l’autorité byzantine, les révoltes berbères se distinguèrent par leur niveau d’organisation et de coordination accrues, illustrées par des soulèvements répétés en 534, 535, et 543. Ces mouvements insurrectionnels culminèrent lors de la bataille de Cillium en 544, où les forces byzantines furent infligées d’une défaite mémorable.
En dépit des efforts déployés pour repousser les Maures vers les étendues sahariennes, les Byzantins se heurtèrent à une résistance berbère persistante, marquée par des révoltes continues de 563 à 565 et de 569 à 578.
Les tentatives byzantines de rallier les Berbères pacifiés contre les factions insurrectionnelles se soldèrent par un échec, malgré l’établissement de quelques alliances éphémères avec des chefs locaux. Cette incapacité à forger des liens durables avec les communautés berbères sédentaires reflète la complexité des relations interculturelles dans cette région stratégique, où les aspirations à l’autonomie et la préservation de l’identité se heurtaient à l’ambition impériale.
Ainsi, l’histoire des confrontations entre les Byzantins et les Berbères en Afrique du Nord témoigne de la persistance d’un esprit de résistance chez les peuples autochtones, confrontés à l’expansion d’un empire qui sous-estima la profondeur des changements internes ayant remodelé la société berbère. Cette période illustre la richesse et la complexité des interactions humaines, où les aspirations à la liberté et à l’indépendance défient les ambitions des empires.
À l’ombre du déclin de l’empire byzantin, et la mort de l’empereur Justinien en 565, les stratèges impériaux furent contraints de recentrer leurs efforts sur la sauvegarde des bastions urbains qui constituaient le cœur de leur puissance en Afrique du Nord.
Dans ce contexte de recul, une tentative audacieuse de s’emparer de Ceuta, au Maroc, en 570, se solda par un échec cuisant face à la vaillante résistance des tribus rifaines. L’éminent historien Charles André Julien a mis en lumière les lacunes criantes de l’administration byzantine dans la région, pointant du doigt la corruption endémique, la brutalité des méthodes, l’incompétence des dirigeants et l’exploitation éhontée des populations autochtones.
Ces faiblesses structurelles ont pavé la voie à l’avancée des armées arabo-musulmanes, qui firent leur apparition dès l’an 642. Bien qu’Omar ibn al-Khattab, le second calife, exprimât initialement des réticences à annexer l’Ifriqiya, ses réticences furent surmontées par l’ambition de ses successeurs, en particulier celle des Omeyyades.
La progression des forces arabes en Afrique du Nord, entamée en 642, fut marquée par une résistance acharnée des populations locales, suivant un modèle de conquête jalonné de répressions et d’actes de violence. Les Berbères, fidèles à leur esprit indomptable, accueillirent les nouveaux venus avec la même détermination à défendre leur terre et leur mode de vie qu’ils avaient manifestée face aux envahisseurs précédents.
L’histoire tourmentée de l’Afrique du Nord est un vibrant récit de la résilience berbère, une chronique de leur combat incessant pour la préservation de leur autonomie et de leur identité face aux vagues successives de conquérants.
Cette saga, traversée par les aléas du temps et les ambitions des empires, témoigne de la force indomptable des peuples autochtones, animés par une volonté farouche de forger leur propre avenir.
Malheureusement, cette riche histoire des Berbères est souvent reléguée à l’arrière-plan dans l’enseignement dispensé au Maghreb, particulièrement en Algérie et au Maroc, privant ainsi les jeunes générations d’un pan crucial de leur patrimoine. Cette lacune a un impact délétère sur leur perception d’eux-mêmes et sur leur sentiment d’appartenance collective. Il apparaît impératif de réexaminer cette omission pour jeter les fondations d’une nation unie, enracinée dans la pleine reconnaissance de son passé, y compris les contributions inestimables des Berbères.
La tendance, dans certaines sphères idéologiques du Maghreb, à privilégier les origines arabes au détriment de l’héritage berbère, appelle à une révision nécessaire pour favoriser une identité inclusive. L’intégration de l’histoire berbère dans les curriculums éducatifs serait un pas vers le comblement de ce vide historique et culturel, favorisant ainsi une coexistence plus harmonieuse et une compréhension mutuelle approfondie.
La valorisation et l’enseignement de l’histoire berbère sont des démarches cruciales pour cultiver une identité berbère épanouie et, par extension, pour forger des sociétés maghrébines plus unies.
En embrassant avec inclusion toute la diversité historique de la région, on peut adresser les enjeux identitaires et culturels présents, en honorant chaque communauté et culture ayant enrichi le tissu social. C’est en célébrant l’ensemble des contributions à l’histoire maghrébine que nous pourrons avancer vers une société plus cohésive et respectueuse de sa pluralité.
Omar Hamourit
Liste bibliographique non exhaustive
- Charles André Julien : Histoire de l’Afrique du Nord : Des origines à 1830, Paris, Payot & Rivages, 1994
- Serge Lancel, L’Algérie antique
- Histoire politique de l’Afrique du Nord De Mohand Tazerout
- Stéphane Gsell et l’histoire de l’Afrique antique.
- Encyclopédie berbère, Édisud, 1985-2002 : vingt-cinq fascicules et plus de 4 000 pages, pour moitié écrites par Gabriel Camps. Encyclopédie berbère en ligne
- Histoire de l’Afrique du Nord : Des origines à 1830, Paris, Payot & Rivages, 1994
- Salluste, la guerre de Jugurtha, édition les belles lettres
- Tacite, Œuvres complètes, traduction de J.L. Burnouf, 6 vol., Hachette, Paris, 1827-1835
- Yves Modéran : Les Maures et l’Afrique romaine, IVe-VIIe s., Rome, éd. Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome. L’Empire romain tardif (235-395), Paris, éd. Ellipses, 2003 (ISBN 2729811583). Provinces et identités provinciales dans l’Afrique romaine [sous la dir.], Caen, éd. Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales, 2011. Les Vandales et l’Empire romain, (texte édité par Michel-Yves Perrin), Paris, éd. Errance – Actes Sud, 2014
- Halima Ghazi, les chefs berbères dans l’histoire des mondes antiques, soutenance de doctorat, en 1992. Bordeaux 3.