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Mohand Aouarhoun : « La chanson kabyle manque de créations »

Le chanteur Mohand Aouarhoun

Le chanteur Mohand Aouarhoun. Photo Diasporadz

Le chanteur Mohand Aouarhoun a généreusement accepté de se livrer à cœur ouvert à Diasporadz pour nous parler de son parcours dans la musique kabyle, de ses inspirations et de ses aspirations.

Mohand Aouarhoun est un chanteur, auteur compositeur talentueux qui chante depuis de longues années et qui compte plusieurs albums de qualité.

Bio express

Le chanteur Mohand Aouarhoun a étudié le solfège et la musique chaâbi à la maison de jeune d’Azazga avec le maestro Moh Tahir, et à la maison de culture de Tizi-Ouzou avec Rachid Blik, c’est dire qu’il a une formation musicale solide.

Même s’il se fait discret ces dernières années, il n’est pas rare de le rencontrer avec son beau mandole Chafaa qui a une sonorité remarquable surtout entre les mains d’un virtuose comme le chanteur Mohand Aouarhoun. Il faut dire que le mandole et l’artiste sont inséparables, chez Mohand Aouarhoun la passion se conjugue avec le savoir-faire et la maîtrise de l’instrument.

Mohand Aouarhoun enchante son public avec des compositions de qualité, des chansons aux thèmes variés qui reflètent la vie.

Diasporadz : Vous êtes un excellent musicien, un grand poète, vous excellez aussi dans le chant, qui est Mohand Aouarhoun ?

Mohand Aouarhoun : Mohand Aouarhoun est un villageois kabyle qui vit à Paris depuis 20 ans maintenant, salarié, père de famille. Je suis du village Agraradj, le village de Ahmed Saïd ou Abdoun (1844-1895), bandit d’honneur kabyle considéré comme l’un des plus célèbres bandits d’honneur avec Arezki El Bachir, qui marquèrent la région kabyle dans les années 1890, en luttant contre les injustices et le colonialisme de l’époque.

Je suis passionné par la musique, elle vibre en moi, je suis auteur compositeur interprète, chanteur kabyle, je ne me sens vivre qu’en créant, qu’en composant, la musique est pour moi un second souffle. J’ai composé et enregistré beaucoup de chansons.

Diasporadz : Racontez-nous vos débuts dans la chanson ?

Mohand Aouarhoun : Mes débuts dans la chanson remontent à très longtemps, j’ai aimé la musique depuis mon plus jeune âge. J’écoutais beaucoup la radio, et des cassettes, la passion était déjà là et elle n’a fait que grandir avec le temps.

Dès l’âge de 13 ou 14 ans j’ai fabriqué une guitare avec un bidon d’huile, une planche, des clous et des fils en plastique, tant l’envie d’apprendre et de jouer était grande, nous n’avions pas les moyens d’avoir une vraie guitare.

Avec cet instrument de fortune j’ai commencé à apprendre quelques notes tout en essayant de créer, de composer quelques airs, quelques mélodies.

Les années ont passé et je n’avais toujours pas d’instrument, faute de moyens évidemment, mais par chance, j’avais un ami qui possédait une guitare, parfois il me la prêtait, parfois on jouait ensemble. 

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Il s’agit de Ahcene Afalu, qui est aussi un grand artiste. Il faut dire qu’à l’époque on voyait la musique comme un tabou et mon père, paix à son âme, n’aimait pas me voir avec une guitare, car pour la société de l’époque, la musique était synonyme de bohème, vivre en marge, sans souci du lendemain, et c’était mal vu.

C’est à l’âge de 20 ans que j’ai réellement commencé à composer des chansons, car j’avais une certaine maîtrise de la guitare. Je fus invité à la radio Chaîne 2 en 1993 ou 1994, je ne m’en souviens pas très bien, par Saïd Freha, j’ai alors chanté l’une de mes compositions, qui a eu un succès immédiat.

Puis je me suis inscris à la maison de jeune d’Azazga pour des cours de solfège et des cours de musique chaâbi avec le grand musicien auteur compositeur interprète Moh Tahir.

De 1995 à 1996, j’ai suivi des cours de musique chaâbi à la maison de culture de Tizi-Ouzou avec Rachid Blik, ce qui m’a donné une formation solide.

Diasporadz : Vous chantez depuis de longues années, mais vous vous faites rare sur la scène artistique, à quoi est-ce dû à votre avis ?

Mohand Aouarhoun : J’ai beaucoup chanté au pays, j’ai aussi animé plusieurs fêtes de mariage et j’ai participé à plusieurs concerts, quand on m’invitait je ne disais jamais non. 

C’est en avril 2000 que j’ai enregistré ma première cassette de 6 chansons « Ilmezyen » au studio Yugurthen d’Azazga, qui a eu un bon accueil du public, ce succès qui m’a permis d’enregistrer en 2003 un deuxième album de 6 chansons Ajajih, dans le même studio et avec la même équipe, Moh Tahir, Madjid Halit, Djamel Mensous et tous les musiciens.

Ici en France, j’ai animé quelques soirées dans des restaurants et bars, j’ai chanté dans des mariages, j’ai chanté une fois à la Salle Jacques Brel à Pantin en 2008 invité par un professeur de musique, Rosine Chabrun.

Mais, malgré les nombreuses associations kabyles, je ne suis malheureusement jamais invité.

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Diasporadz : La première fois que je vous ai vu c’est dans ce bar rue de Pyrénées dans le 20e arrondissement de Paris, Chez Ammi Said, avec votre beau mandole Chafaa, vous semblez ne faire qu’un avec lui, est-ce important pour vous un instrument de cette qualité ?

Mohand Aouarhoun : Il est vrai que je viens quelques fois pour jouer chez Ammi Said, entre amis sans sonorisation, j’aime bien ce coin convivial et chaleureux. Quand on aime la musique comme moi, la qualité de l’instrument est importante et même primordiale. En ce qui concerne le mandole, la résonnance est capitale. Mon mandole Chafaa Rachid, fabriqué en 1996, a une sonorité et une résonnance extraordinaires, je l’ai prêté à beaucoup de chanteurs kabyles qui ont pu enregistrer avec en studio. C’est un instrument qui a l’un des meilleurs sons, qui donne l’envie de jouer.

Diasporadz : Quels sont les chanteurs qui vous influencent ?

Mohand Aouarhoun : J’aime beaucoup les anciens chanteurs, Cheikh El Hasnaoui, Cherif Kheddam, Slimane Azem, Allaoua Zerrouki, Matoub Lounès, Cherif Hamani, Ait Menguellet, Idir, Brahim Tayeb, Abbès Nait Rzine et beaucoup d’autres.

Les anciens chanteurs kabyles restent une source d’inspiration inépuisable.

Diasporadz : Quel regard portez-vous sur la chanson kabyle d’aujourd’hui ?

Mohand Aouarhoun : Il y a de jeunes talents qui excellent dans le chant, nous voyons beaucoup de belles voix, mais il manque la création, et ce manque se fait sentir de plus en plus. On constate malheureusement qu’il y a plus de reprises que de nouvelles chansons. C’est un triste constat.

Diasporadz : Avez-vous des projets en cours et à venir ?

Mohand Aouarhoun : J’ai plusieurs chansons non enregistrées abordant des thèmes riches et variés, je pense enregistrer quelques chansons, voire un clip ou deux.

Diasporadz : Un dernier mot peut-être ?

Mohand Aouarhoun : Merci au journal Diasporadz qui m’a donné l’occasion de m’exprimer sur mon parcours dans la chanson kabyle et merci à vous pour ce bel entretien.

Entretien réalisé par Brahim Saci

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