Il y a des artistes qui brillent par leur talent, Mohand Aouarhoun en fait partie, c’est un chanteur auteur compositeur, épatant, par l’élévation artistique, du chant, de la musique qu’il maîtrise, après des années de travail, de sueurs versées, mais dont la discrétion est aussi grande que son talent.
Mohand Aouarhoun est un chanteur de talent qui compose depuis de longues années, son savoir musical est grand. Quand on l’entend interpréter des préludes, istikhbars, on comprend tout de suite, que l’artiste s’est abreuvé à la bonne source, celle de la musique chaâbi, ce genre musical populaire algérien, né à Alger au début du XXe siècle.
Le chaâbi est l’un des genres musicaux les plus populaires d’Algérie. Il dérive de la musique arabo-bérbéro-andalouse d’Alger, Sanâa d’Alger ou l’Andalou, le répertoire de musique savante, classique, arabo-berbéro-andalouse algérienne de l’école d’Alger que la tradition rattache à la ville de Cordoue en Espagne musulmane.
Mohand Aouarhoun fait partie des passionnés de la musique, son jeu musical est fluide, en même temps appuyé et puissant, il a une manière bien à lui d’exécuter les préludes en ne perdant aucune note, et ces notes s’enchaînent harmonieusement dans un jaillissement d’émotions qui envahit et remplit l’air, c’est une musique du cœur et de l’esprit.
Mohand Aouarhoun ne fait qu’un avec son mandole Chafaa, du célèbre luthier algérien luthier Chaffa, l’un des plus grands luthiers. La résonnance de ce mandole est tout à fait particulière et exceptionnelle, un bonheur pour le cœur et l’oreille, surtout entre les mains d’un musicien averti, virtuose comme Mohand Aouarhoun.
Le chanteur Mohand Aouarhoun est originaire du célèbre village Agraradj, un village de la commune Aghribs dans la wilaya de Tizi Ouzou, de la confédération des Aït Djennad, le village Agraradj se décompose en deux, l’ancien village, thadarth, et le nouveau village Agouni-Ghezifene.
Le village Agraradj est situé à 40 km au nord-est de Tizi Ouzou, à 22 km au sud-ouest d’Azeffoun et à 7 km au nord d’Azazga.
C’est le village de Ahmed Saïd ou Abdoun (1844-1895), bandit d’honneur kabyle considéré comme l’un des plus célèbres bandits d’honneur qui marquèrent la région kabyle dans les années 1890.
En 1884, Ahmed Saïd ou Abdoun fut accusé du meurtre d’un adjoint indigène appartenant à une famille rivale de la sienne, à la suite d’un procès controversé, il fut condamné et déporté pour les travaux forcés en Guyane.
Le 11 octobre 1886, Ahmed Saïd ou Abdoun parvient à s’évader du bagne, fait exceptionnel mais ce fut alors un parcours plein de péripéties à travers l’Atlantique. Il aurait notamment travaillé sur les chantiers du canal de Panama avant de revenir en Europe puis en Algérie.
De retour en Kabylie, il constitue une bande célèbre qu’il dirige avec son frère, Mohammed ben el Hadj Amar ou Abdoun avec la bande d’Arezki El Bachir, Arezki El Bachir du village Aït Bouhini dans l’actuelle commune de Yakouren de la confédération des Ait-Ghobri, ils ont sillonné la région kabyle pour rétablir la justice et défendre la veuve et l’orphelin, ils ont donné du fil à retordre aux autorités coloniales françaises. Arrêté, Ahmed Saïd ou Abdoun fut condamné à mort puis exécuté le 14 mai 1895 à Azazga avec cinq autres compagnons dont Arezki El Bachir.
Mohand Aouarhoun se souvient des balades à Tamgout cette montagne majestueuse témoin de la mémoire d’un peuple, des promenades à TaddartTaqdimt, Aguelmim U-Gbanim, Tabriqt U Akkour, AmdiqTaâzrawt, ces lieux remplis d’histoire, où l’émotion fait jaillir l’inspiration.
Des chansons comme,Ilmezyen, Asfelnzman, Tajmilt, l’hommage à MatoubLounès, Lexyal-im, ixefittarggun, Anda ken, montrent la complexité, la diversité des thèmes abordés, des rythmes et préludes exécutés, témoignant d’une maîtrise certaine, musicale, poétique et vocale.
Des chansons composées brillamment, avec sans cesse le souci, de parfaire, de bien faire, afin de tout donner, pour que resplendisse la beauté.
Les années filent et se succèdent avec leur lot d’expériences, de joies et peines, de dur labeur, mais en apportant la maturité. Mohand Aouarhoun chante l’amour, la jeunesse, mais aussi les affres de la vie, qui font jaillir de nouvelles compositions de questionnements, d’interrogations, de révolte, aspirant toujours à un avenir meilleur plein d’espoir où les musiques composées montrent toute la beauté de cet art, enveloppent le poème, le tout arrivé à maturité.
Mohand Aouarhoun continue à composer pour le plus grand bonheur des mélomanes et de ses fans.
Brahim Saci