Les Etats-Unis ont présenté aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution appelant à un « cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages » à Gaza, a affirmé le secrétaire d’Etat Antony Blinken.
« Nous avons soumis une résolution qui est à présent devant le Conseil de sécurité de l’ONU qui appelle à un cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages et nous espérons vivement que les pays la soutiendront », a-t-il dit mercredi soir au média saoudien Al Hadath, en marge d’une visite dans le royaume consacrée au conflit à Gaza.
Une telle résolution enverrait un « signal fort », a ajouté M. Blinken qui a souligné, lors d’un entretien avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, « l’engagement » américain pour une solution « durable à la crise » et à la création d’un « futur Etat palestinien » offrant des garanties de sécurité à Israël, selon le département d’Etat.
Depuis le début de la guerre, les Etats-Unis ont mis leur veto à plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à des cessez-le-feu immédiats et durables.
Les Etats-Unis, alliés historiques d’Israël
Le 20 février dernier, les Etats-Unis d’Amérique ont empêché le Conseil de sécurité de l’ONU d’adopter le projet de résolution proposé par l’Algérie et qui exigeait un cessez-le-feu « immédiat » à Gaza.
Le projet de résolution présenté par l’Algérie exigeait « un cessez-le-feu humanitaire immédiat (à Gaza) qui doit être respecté par toutes les parties » et s’opposait aussi au « déplacement forcé de la population civile palestinienne ».
Le projet de résolution algérien avait recueilli 13 voix pour, une abstention (Royaume-Uni) et une contre, le troisième veto américain depuis le début de la guerre contre Gaza.
« Un vote pour ce projet de résolution est un soutien au droit des Palestiniens à vivre. A l’inverse, voter contre signifie un soutien à la violence brutale et à la punition collective qui leur est infligée », avait commenté le 20 février, juste avant le vote, l’ambassadeur algérien Amar Bendjama.
Proposition de trêve du Hamas
Le secrétaire d’Etat Antony Blinken, attendu ce jeudi 21 mars en Egypte pour faire avancer les pourparlers en vue d’une trêve entre Israël et le Hamas, rapporte l’AFP.
Dans sa nouvelle proposition de trêve transmise la semaine dernière aux médiateurs, le Hamas s’est dit prêt à une trêve de six semaines associée notamment à la libération d’otages enlevés durant l’attaque du 7 octobre en échange de Palestiniens incarcérés par Israël.
Mais mercredi, un responsable du Hamas à Beyrouth, Oussama Hamdane, a déclaré, sans détailler, que la réponse d’Israël à cette proposition de trêve était «globalement négative» et pourrait «conduire les négociations vers l’impasse». La veille, le chef du mouvement islamiste Ismaïl Haniyeh avait accusé Israël de «saboter» les pourparlers par son redéploiement militaire à al-Chifa.
Alliés historiques d’Israël, les Etats-Unis tentent d’éviter une offensive terrestre d’envergure sur Rafah, ville adossée à la frontière fermée de l’Egypte, où s’entassent toutefois 1,5 million de Palestiniens, la grande majorité déplacés par les violences dans le reste du territoire.
Mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu juge nécessaire une opération à Rafah pour atteindre son objectif de «vaincre» le Hamas et empêcher qu’il n’attaque à nouveau Israël depuis la bande de Gaza.
Israël a juré de «détruire» le Hamas, mouvement qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne, et lancé une campagne de bombardements aériens intenses suivie d’une offensive terrestre qui a débuté dans le nord pour progresser afin d’atteindre la pointe sud du territoire : Rafah.
M. Netanyahu a annoncé l’envoi à Washington d’une délégation israélienne «à la demande du président Joe Biden», pour discuter de cette opération dans ce secteur. Pour les Etats-Unis, une offensive sur Rafah «conduirait à plus de victimes innocentes, aggraverait la situation humanitaire déjà grave (…) et isolerait encore plus Israël».
Dans une lettre au président Biden, une soixantaine d’anciens cadres de la diplomatie américainee estiment que les «tactiques» de l’armée israélienne ont jusqu’à présent causé une «catastrophe humanitaire» à Gaza.
« Le siège, la faim et les maladies »
La communauté internationale s’inquiète des risques de famine imminente dans le territoire. Selon les agences de l’ONU, plus de 1,1 million de personnes à Gaza, soit environ la moitié de la population, vivent dans une situation alimentaire «catastrophique», en particulier dans le nord où la famine pourrait sévir d’ici mai.
L’ONU pointe entre autres les sévères restrictions sécuritaires imposées par Israël à l’entrée de toute aide humanitaire à Gaza, ce qui se traduit par une réduction du volume de l’aide accédant par voie routière au territoire par les deux seuls terminaux, Rafah et Kerem Shalom.
A Gaza-Ville, dans le nord, une foule de Palestiniens se bousculait mercredi 20 mars pour tenter de recevoir un sac de farine à un point de distribution de l’aide, a constaté un collaborateur de l’AFP.
«Le siège, la faim et les maladies deviendront bientôt les principales causes des morts à Gaza», a averti dans la nuit sur X (ex-Twitter) le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini.
Synthèse S. A.