Sommes-nous, vu nos limites culturelles et nos approches existentielles, telles que dictées par nos contingences historiques, condamnés, y compris par les forces du progrès, à être les marginaux de l’humanité, tellement rabaissés que certains philosophes nous qualifient, non sans raisons, de décolonisés ontologiques ?
Et quelle tare avons-nous, quand l’Histoire commence, défaite qu’elle est par l’ontologie, à bégayer, contractée, pour devenir les serviteurs de la bande moralisatrice qu’est devenue la gauche française ? Au pied du mur, êtes-vous ?
Pardonnons les échecs répétitifs de nos consciences crypto-mnésiques, après que l’exploit de la confiscation de l’Universel à nos mémoires traumatisées, non seulement par la guerre, mais par notre exclusion de l’Histoire, privés que nous sommes de nos facultés de verbalisation !
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Nous avez-vous oubliés, nous qui luttons pour l’accès de toutes les pluralités, pas néolibérales que la langue ne daigne pas sinon criminaliser, du moins dénoncer ? La pluralité de l’unique est un crime que le verbe offre aux poètes des officines politiques ? Les laboratoires sont infectés par les chercheurs politiciens dont l’ADN pourrait être repéré dans le trauma, dont l’hitlérisme continue de garantir la vie.
La vivacité de l’Histoire est mal appréciée par nos politicards, coincés dans les schémas relayés par les systèmes néolibéraux et réduits à la réaction systématique aux injustices commises par les dominants.
Le subterfuge corrompt la compétence pour, vrai dit, entraîner le faire dans les chantages que font les conservateurs aux génies, eux aussi contraints, maudits par les faux Cieux, au silence bénédictin que les religieux recommandent aux militants.
Accepteriez-vous que la lutte ne nous soit pas remise, au motif que les ex-colonisés sont les seuls, cela s’entend aussi chez nos gouvernants, à décider de leur sort ? Un homme politique, disent les identitaires et les culturalistes, dont la crainte de sevrage au public aiguise tous les instincts protecteurs de la position politique, mais surtout garants de l’exposition publique que n’alimente que les prêches ethno-culturalistes et les prédications droitistes incarnées par le repli sur soi. Parfaire son humanité pour, diraient les cyniques addictifs aux discours « propres » et à l’hygiène nazie, nous convertir en universalistes, sinon esclaves, du moins les suivistes.
La question migratoire ne vous embarrasse pas, vous, les meneurs des consciences morales : vous n’êtes pas sécuritistes, nous comprenons. Mais l’Europe des frontières vous a sauvés des échos que nos gémissements, jetés dans les mémoires recouvertes de passions et de préjugés, laissent percuter les parois d’une psyché que Camus ne comprendrait pas, lui, (Meursault est le prototype de l’homme moderne), que l’absurde pousse à un forfait passif. Régis Debray se départit de l’internationalisme. Les frontières ne sont pas à louer. En voyant le titre sans l’essai arrange les sécuritistes : il n’y a pas d’amis à fréquenter sans passer par notre statut bio-civil que tous valident, y compris ceux qui ont compris que les sécuritistes sont les vrais promoteurs des diverses formes de violence.
L’anti-sécuritisme est une posture que nous, militants, devrons prendre. Les appareils répressifs, dont les bureaucrates, ont réussi à nous dresser les uns contre les autres.
Feu Sadek Hadjerès (militant et dirigeant d’un parti proscrit par le système et les droitistes, c’est-à-dire ceux qui préfèrent au réel tragique les diversions confortables) nous apprend que la division est le procédé idéal que les libéraux utilisent pour nous inciter à abandonner, nous humains, nos valeurs et nos idéaux aux nihilistes que la vitesse, l’efficacité et l’auto-effacement fascinent.
Madi Abane (universitaire)