La Chambre syndicale des services funéraires affinitaires, regroupant les pompes funèbres musulmanes, se prononce, dans un communiqué envoyé à la rédaction de Diasporadz, sur le mécanisme de prise en charge du rapatriement des ressortissants algériens décédés à l’étranger. Document
Depuis l’annonce de l’extension du périmètre de prise en charge des rapatriements des ressortissants algériens décédés à l’étranger à l’ensemble des personnes décédées et non plus aux seuls défunts nécessiteux, quel que soit leur statut, la Chambre syndicale des services funéraires affinitaires a engagé une seconde action d’évaluation du mécanisme mis en place.
Dans une première évaluation, la Chambre syndicale a relevé les disparités dans l’application du dispositif au niveau des services consulaires et une imprécision quant à la nature des prestations prises en charge. Réagissant à la publication de notre évaluation, le ministère des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger a apporté les précisions attendues, sans pour autant donner plus d’informations quant à l’harmonisation des modalités de fonctionnement, notamment sur le plan du montant financier de la prise en charge.
Les résultats obtenus par la Chambre syndicale, suite à des retours d’information de ses adhérents, dressent le constat d’une détérioration de la situation des entreprises sur le plan de la trésorerie et de leur équilibre financier.
Face à une telle situation, la Chambre syndicale lance un appel afin que les entreprises de pompes funèbres – généralement familiales – ne soient pas compromises dans leur survie et que l’emploi de leurs salariés ne soit pas menacé si des améliorations ne sont pas apportées de toute urgence.
Des retards de règlement des factures de prestation qui fragilisent les entreprises
Sans entrer dans le détail des durées relevées par nos entreprises, le constat global est que, majoritairement, les factures de règlement des prestations sont honorées avec des retards plus ou moins longs.
L’absence de fluidité en la matière creuse l’ampleur des dettes sociales et fiscales des entreprises dont elles ne peuvent s’acquitter sans éviter les pénalités de retard. Tout comme elle amplifie leurs dettes auprès de leurs fournisseurs.
Pire encore, des entreprises nous ont rapporté qu’elles ne versent plus les salaires de leurs employés faute de trésorerie suffisante.
Par ailleurs, la situation des entreprises à l’égard de leurs organismes bancaires connaît une importante situation de tension, induite par la facturation de frais bancaires conséquents liés à des insuffisances de ressources sur les comptes et le rejet de règlements non honorés faute de provision suffisante.
Des disparités de prise en charge qui érodent les marges bénéficiaires des entreprises
Le manque d’harmonisation du mécanisme de prise en charge mis en place d’un consulat à un autre a également produit des effets économiques non négligeables sur les entreprises, notamment sur le plan de leur marge bénéficiaire.
Rappelons que globalement, en France, les entreprises de pompes funèbres musulmanes se caractérisent par une caractéristique qui leur est propre : l’adaptation du service funéraire aux capacités financières des familles. Cette approche fait de cette catégorie d’entreprise à la tarification la plus adaptée et donc la moins chère, contrairement aux autres entreprises.
Il convient de rappeler avec vigueur – et c’est connu et reconnu de tous les professionnels- que les pompes funèbres musulmanes travaillent avec une marge de rentabilité très faible, liée aux valeurs qu’elles portent.
Cependant, depuis la généralisation du mécanisme de prise en charge, le montant autorisé n’a pas fait l’objet d’une harmonisation de nature à garantir un fonctionnement homogène. Du coup, notre évaluation conduit à faire deux constats : d’abord des montants de prise en charge inférieurs à la moyenne pratiquée avant l’entrée en vigueur du dispositif, ensuite un rabotage des marges bénéficiaires des entreprises. Ces dernières ayant le sentiment de travailler à perte non compensée.
A partir de ces deux constats, c’est tout le modèle économique des pompes funèbres musulmanes qui s’écroule. Il a été constaté des rapatriements à 1600 euros, alors qu’économiquement cela relève de l’illusion.
Il est indispensable de maintenir l’équilibre économique des entreprises : autrement qui assurera le rapatriement des compatriotes ?
Si les entreprises précitées disparaissent, il est évident que les coûts des rapatriements des ressortissants par des entreprises telles les Pompes Funèbres Générales ou autres, le coût pour les autorités algériennes serait considérable et impacterait fortement l’équilibre du Fonds de solidarité mis en place.
Pour l’ensemble de ces raisons, la Chambre syndicale appelle à une concertation afin de trouver le juste équilibre entre la pérennité d’un service funéraire adéquat à la communauté et celle des prestataires devant assurer la mission.