Le conseil de l’Ordre du barreau de Paris a saisi jeudi 04 juillet le parquet après qu’un site d’ultra droite a appelé à « éliminer » des avocats signataires d’une tribune contre le Rassemblement national (RN), a appris l’AFP auprès de l’entourage du bâtonnier.
Mercredi, le site d’ultra droite « Réseau libre – le réseau des patriotes » a publié un article intitulé « Liste (très partielle) d’avocats à éliminer », reprenant la liste des signataires de la tribune contre le RN.
« A envoyer dans un fossé ou dans un stade, ces avocats déclarent déjà ne pas respecter le verdict des urnes en cas de victoire du RN », est-il écrit. « L’Histoire est un éternel recommencement, nous publions une liste d’avocats à éliminer, nous ne sommes pas formellement identifiés, nous ne serons pas arrêtés, et nous serons peut-être condamnés, on s’en tappe (sic)! », ajoute le site.
Selon le parquet de Paris, « le signalement est en cours d’analyse »
En effet, une centaine d’avocats, essentiellement des barreaux de Paris et de Caen, ont signé une tribune publiée mardi sur le site de l’hebdomadaire Marianne, intitulée « Avocats, nous nous constituons en brigade du droit contre le Rassemblement national ».
« Face au risque que le Rassemblement national et ses alliés représentent pour nos institutions dans le cadre des élections législatives (…) faisons-nous la promesse de défendre le droit, notre Constitution et la Convention européenne des droits de l’Homme », écrivent-ils.
« Ceux qui veulent la mort de nos libertés commencent toujours par s’en prendre aux avocats. Je ne les laisserai jamais faire », a réagi sur X le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti.
« La démocratie est plus que jamais menacée lorsque circulent des listes d’avocats à éliminer parce qu’ils remplissent leur mission. Nous ne tolèrerons jamais ces menaces et y donnerons toutes les suites qui s’imposent. Soutien à tous les consœurs et confrères menacés », a de son côté écrit sur X le bâtonnier de Paris, Pierre Hoffman.
« Il s’agit à notre connaissance de la première fois qu’il est explicitement appelé en France au meurtre d’avocats », a pour sa part souligné sur le même réseau l’association des avocats pénalistes (ADAP).
Le Conseil national des barreaux (CNB), l’institution qui représente les 76 000 avocats de France, a aussi indiqué avoir saisi le parquet.