dimanche, 19 mai 2024
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Algérie : le 1er Mai pour éclairer nos luttes démocratiques et sociales

La journée mondiale des travailleurs qui correspond à la date du 1er Mai de chaque année est toujours un moment privilégié de rappeler les luttes démocratiques et sociales et les sacrifices de cette classe et de ses alliés objectifs, en Algérie et dans le monde, pour l’émancipation de l’humanité du capitalisme destructeur et de toutes les formes de servage.

Malgré certaines dérives et échecs, les acquis de ces luttes démocratiques et sociales demeurent un repère historique dont il faut s’approprier pour construire les luttes de demain, en Algérie et ailleurs dans le monde.

En ces moments de guerre sociale contre les travailleurs et les peuples, l’humanité a besoin de cette « utopie » comme combustible pour éclairer la voie de l’émancipation du peuple algérien et de tous les peuples du monde.

Comme à l’échelle de l’humanité, le capitalisme dans sa phase néolibérale continue sa guerre contre les acquis sociaux et démocratiques de la classe ouvrière, entraînant avec lui la paupérisation des pans entiers de la société.

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Un contrat social sans les travailleurs

C’est le cas aussi en Algérie depuis plusieurs décennies. Ce processus continue de s’accélérer dans sa phase post-Hirak populaire (mouvement populaire). 

En effet, depuis les quatre dernières années, nous assistons à un nouveau contrat social qui se met en place sans les travailleurs et contre leurs intérêts. Ce contrat vise en réalité à maintenir les travailleurs dans la précarité et à leur enlever les conditions qui leur permettraient d’organiser la riposte ou de s’autonomiser en tant que classe sociale. 

Ce nouveau contrat social s’exprime, entre autres, à travers les nouveaux amendements du code du travail relatif au droit de grève et à la gestion des conflits de travail adopté dernièrement par les deux chambres du Parlement sur propositions du Gouvernement. Des amendements que nous considérons comme anti-syndicaux et propres aux Etats fascisants.

En effet, ce texte de loi rend compte de cette volonté de neutraliser le corps social, à commencer par les millions de travailleurs dans le secteur économique et dans la Fonction publique.

Selon les conditions établies, il est quasiment impossible d’organiser une grève dans les lieux de travail. Les deux armes dont nous disposons en tant que travailleurs, la grève et la solidarité ouvrières, ont été confisquées par la force de la loi. Nous assistons même à une criminalisation de l’action syndicale. 

Cet état de fait est pire dans le secteur privé (national et international) où l’organisation du travail est presque « militarisée » ; les travailleurs sont exploités et le syndicat interdit.

A l’échelle nationale, toute velléité d’organisation syndicale est criminalisée systématiquement par le patronat privé, et ce, avec un Etat qui ferme les yeux devant ces pratiques contraires aux lois de la République.

Ce qui fait qu’environ 99% des travailleurs du secteur privé sont sans couverture syndicale. Ils sont à la merci des multiples abus du patronat. Les quelques chiffres fournis partiellement par les Inspections de travail sur ces abus de pouvoir nous renseignent sur les conditions de travail dans ce secteur qui représente plus de 63% de la population des travailleurs en Algérie estimée à 11 millions de personnes.

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A qui profite le crime ? 

Le maintien de la classe ouvrière algérienne dans la précarité et son musellement systématique profitent en premier lieu à l’Etat patron, au capital privé et aux multinationales. Ces derniers ont tout intérêt à museler les travailleurs, et ce, dans le cadre de ce qu’ils appellent l’amélioration du climat des affaires et la régulation du conflit entre capital et travail.

Les travailleurs, leurs familles et les retraités sont transformés en mendiants, ils ont été réduits à attendre « l’aumône » sous forme d’augmentations salariales insignifiantes devant la cherté de la vie.

Quant au secteur privé qui ne connait pas des augmentations, le même principe (aumône) est reconduit sous forme de charité religieuse à l’occasion des fêtes.

L’autre élément, c’est cette volonté des pouvoirs publics d’empêcher toute autonomie de la classe des travailleurs en Algérie. Il semblerait que les pouvoirs publics ont bien tiré les leçons du Hirak, mouvement populaire de 2019 : ils retiennent que les syndicats avaient appelé à deux reprises à des grèves générales populaire et refusé de répondre aux sollicitations du gouvernement lors du Hirak.

En gros, ils sont dans une posture d’empêcher toute jonction entre les luttes des travailleurs avec les luttes populaires. En effet, le capitalisme algérien (arriéré) souhaite se consolider d’avantage par le musellement des travailleurs. Il souhaite faire passer ses réformes néolibérales (autoritarisme et exploitation) sans « grabuges », comme c’est le cas sur la question des subventions et des transferts sociaux.

En effet, nous somme dans une situation où l’Etat s’aligne de plus en plus sur les positions réactionnaires et anti-syndicales de la bourgeoisie (d’Etat et privé) en Algérie.

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Quelle perspective dans l’immédiat ?

En réalité, il n’existe pas de recette magique et elle ne peut qu’émaner d’un processus interne à la classe ouvrière en toute autonomie, et ce, à travers les luttes au quotidien aussi modestes soient-elles.

C’est dans les luttes que les identités combatives et démocratiques se construisent. C’est dans ces luttes que les travailleurs s’approprient les instruments de lutte organisée que sont les syndicats et les partis de la classe ouvrières.

C’est dans la solidarité ouvrière et le dépassement du corporatisme que les travailleurs vont découvrir leur force et s’émanciper de l’ensemble des préjugés construits par les classes dominantes et du clergé religieux qui construit et consolide le fatalisme.

C’est dans les luttes pour la défense de la souveraineté nationale, la conquête des droits sociaux et l’ensemble des droits démocratiques, que la classe ouvrière peut jouer un rôle de premier rang dans la transformation sociale en Algérie. Une transformation au profit des travailleurs, retraités, chômeurs, des femmes, des étudiants, des petits commerçants et des paysans pauvres.

Ce travail doit être constamment accompagné par des actions de formation au profit de la classe ouvrière à la lumière de la riche expérience des luttes des travailleurs pour son émancipation.

Comme dans le passé, le rôle de l’avant-garde est la construction de cette conscience de classe pervertie par les populismes, le fatalisme et les théories des savoirs économiques bourgeois.

Samir Larabi

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